De Jamie Woon, on ne connaît pas grand chose. On sait qu'il évolue, depuis quelques années déjà, au sein de l'arrière garde de la scène dubstep anglaise. Un rapide coup de surf sur la plateforme de téléchargement I-tunes, nous apprend que Jamie Woon n'en est pas à son premier concert (quelques titres aux connotations acoustiques, à mille lieues des climax electro de son premier album; sont disponibles en téléchargement). On est un peu rassuré, et pourtant...
Il est indéniable que Jamie Woon est, avant tout, une voix. Magnifique, cristalline, envoûtante. Mais sur scène, une voix ne suffit pas. Il faut également une aura.
Quelques photos glanées ça et là sur la toile, laissaient entrevoir un joli jeune homme aux traits androgynes et délicats... L'entrée du petit bonhomme maladroitement engoncé dans un complet sombre de vilaine facture révèle une première faute de goût. En observant ce visage fermé, on finit par douter : ce gars avec des bajoues naissantes, c'est Jamie Woon ?
Quand la voix de velours sombre investit l'Ancienne Belgique (en modeste configuration réduite), on est rassuré. C'est bien lui.
"Echoes" ouvre de façon magistrale le set de l'artiste. Moment de grâce pure...qui laisse le public en suspension...(mention spéciale à l'A.B. qui est bel et bien la salle de concert bruxelloise possédant la meilleure acoustique, loin devant le Cirque Royal, désormais)
Très vite, pourtant, la sensation d'apesanteur va se trouver entammée par tout un tas de facteurs parasites qui, au final, laisseront une impression mitigée d'un concert qu'on se réjouissait d'adorer de bout en bout.
Les musiciens d'abord : visiblement quelques répétitions sont encore nécessaire... On déplorera surtout l'usage intempestif et vraiment très mal controlé de la batterie. Mais pourquoi diable s'obstiner à vouloir charpenter de façon si peu subtile des morceaux qui tournent pourtant très bien à l'aide d'une boîte à rythme? N'est pas Manu Katché qui veut...et, à plusieurs reprises, le pauvre batteur ruine les chansons fragiles de Mirrorwriting (flop total sur "Lady Luck", un comble !)
A ce stade, la batterie est réduite à l'état de cliché pathétique. Juste pour le show ...
Et de show, parlons-en... Alors que "Mirrorwriting" réclamerait une mise en scène un tant soit peu étudiée, on est déçu par la vacuité des idées d'éclairages (Woon devrait peut-être demander quelques tuyaux à Stromae...)
Et puisqu'il n'y a pas de show sans showman; on dira simplement qu'il n'y a pas eu de show ce soir... Littéralement coinçé dans son costume et, surtout, derrière ses effets chant (qui ont généré quelques couacs durant le concert); Jamie Woon partage peu avec son public... Les quelques mots marmonnés renforcent encore l'incompréhension (on assistera par ailleurs à une scène surréaliste où le chanteur n'arrive même pas à se faire comprendre par son éclairagiste...)
Reste qu'on en est qu'au tout début de la tournée et que le potentiel lié au répertoire de l'artiste est indéniable. Mais, ce soir à l'AB, seul "Night Air" a vraiment rencontré l'enthousiasme du public... Ce qui est parfaitement injuste.
Par conséquent, s'il veut éviter de se faire lyncher au Pukkelpop, l'été prochain, Jamie Woon a encore du pain sur la planche...
...Quant à moi, si je veux éviter d'avoir l'air aussi empatté pour mon retour sur scène, à la fin de l'année; j'ai intérêt à ne pas trop beurrer mes tartines...
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