Pour son deuxième album, Ben Drew aka Plan B a vu les choses en grand. En Cinémascope. Telle la campagne promotionnelle qui accompagne la sortie du disque (une affiche de cinéma digne d’un film de Scorcese ou Copolla). « The Defamation of Strickland Banks » Waow ! Le titre de l’album est, en soit, un hommage aux séries…B (tiens, justement !) et autres films de gangsters qui font la joie des fans de romans « pulp ».
Sorti tout droit de « Reservoir Dogs », le jeune homme, au physique castagneur, pratique une northern soul impeccable et défie sur le ring Amy Winehouse, Danniel Merriweather et Eminem réunis. Trois contre un…Même pas peur ! Chez lui, le rap est un atout qui fait la différence et envoi valdinguer dans les cordes tous les suiveurs (l’impressionnant flow énergique de « Stay Too Long ») . Catalogué rappeur, Plan B délaisse pourtant souvent le rap au profit du beau chant. Le single « She Said » illustre parfaitement la formule de cet album. Une écriture classique , des arrangements satinés et percutants (on ne lésine pas sur le grand orchestre et les rythmiques irrésistibles…et quand l’électricité s’en mêle, mazette !), une voix un brin schizo capable de passer des cimes les plus mielleuses aux bas fonds les plus suintants.
D’un point de vue strictement pop, « The Defamation… » est incontestablement l’album le plus abouti de 2010, à ce jour (chaque morceau de ce disque est un classique instantané). La B.O. d’un film de Tarantino à lui tout seul. Mon coup de cœur du printemps.
La vie est une compil. Chaque jour est une playlist. L'amour est un remix...
mardi 20 avril 2010
We Have Band - WHB
D’Infadels à Radio 4, en passant par The Rapture ; le rock anglais éprouve périodiquement le besoin de se friter aux dancefloors les plus dégoulinants de sueurs froides… Derrière ce patronyme plutôt vindicatif, We Have Band s’autoproclame nouveau champion du genre.
Tels d’habiles saisonniers des ondes, les membres de ce sympathique collectif nous livrent un fond de commerce bien rôdé par leurs pairs. Une séquence entendue chez « !!! » (« Honeytrap ») ; des lignes de basses déjà bien éprouvées par CSS et même un riff de guitare fauché sur le dernier Biolay (« You Came Out ») . L’effet est aussi irrésistible qu’immédiat.
A défaut d’être sensationnel, cet album est sans conteste une piquante sensation printanière qui ne passera sans doute pas l’hiver. L'été? Mais si, tout de même, il y a de quoi se déhancher comme un Happy Monday sur les plages de Brighton et d'ailleurs (gare aux aiguilles de seringues toutefois...)
My Little Cheap Dictaphone - The Tragic Tale of a Genius
Il en fallait du culot pour oser un disque pareil au sud de la frontière linguistique!
On avait laissé MLCD à leur jolies miniatures pop qui faisaient la joie des festivals wallons...On les retrouve aujourd'hui, gonflés à bloc; en habits de lumière noire. Prêts à conquérir le monde.
Mais que s'est il passé ?
Overdose de soma ? Séjour forcé à Las Vegas, séquestrés par René & Céline ? Déclaration de guerre à la Flandre (Deus en ligne de mîre?)
Sur leur nouvel album, les liégeois, transfigurés; n'ont plus peur de rien.
Alors, ils osent tout.
A commencer par l'album concept, façon "Tommy" des Who.
"L'Histoire Tragique d'un Génie"... Va-t-on encore avoir droit à l'abominable "Assasymphonie" ?
Heureusement, non. Seul le titre de ce disque craint un peu...
D'emblée on est embarqué dans cette histoire-prétexte...La maline petite bande déjoue brillamment les pièges qui jalonnent habituellement ce genre d'entreprise. On se fout rapidement de l'histoire pour se concentrer sur l'essentiel : la musique. Monstrueusement produit, l'album est parcouru par un souffle épique surprenant...D'autant plus surprenant qu'aucune star de la console de mixage n'est venue mettre son grain de sable dans l'aventure. Le disque est auto-produit. C'est suffisamment rare pour être souligné.
Flirtant avec le pompièrisme, le groupe à l'élégance de ne jamais y sombrer...(Muse ne peut plus en dire autant depuis belle lurette...)
L'ombre de Bowie plane souvent...Et quelques invités de marque (Jonathan Donahue de Mercury Rev, e.a.) renforcent la crédibilité de ce jeune groupe.
Pour My Little Cheap Dictaphone, la véritable tragédie serait de ne pas rencontrer le succès qu'il mérite.
On avait laissé MLCD à leur jolies miniatures pop qui faisaient la joie des festivals wallons...On les retrouve aujourd'hui, gonflés à bloc; en habits de lumière noire. Prêts à conquérir le monde.
Mais que s'est il passé ?
Overdose de soma ? Séjour forcé à Las Vegas, séquestrés par René & Céline ? Déclaration de guerre à la Flandre (Deus en ligne de mîre?)
Sur leur nouvel album, les liégeois, transfigurés; n'ont plus peur de rien.
Alors, ils osent tout.
A commencer par l'album concept, façon "Tommy" des Who.
"L'Histoire Tragique d'un Génie"... Va-t-on encore avoir droit à l'abominable "Assasymphonie" ?
Heureusement, non. Seul le titre de ce disque craint un peu...
D'emblée on est embarqué dans cette histoire-prétexte...La maline petite bande déjoue brillamment les pièges qui jalonnent habituellement ce genre d'entreprise. On se fout rapidement de l'histoire pour se concentrer sur l'essentiel : la musique. Monstrueusement produit, l'album est parcouru par un souffle épique surprenant...D'autant plus surprenant qu'aucune star de la console de mixage n'est venue mettre son grain de sable dans l'aventure. Le disque est auto-produit. C'est suffisamment rare pour être souligné.
Flirtant avec le pompièrisme, le groupe à l'élégance de ne jamais y sombrer...(Muse ne peut plus en dire autant depuis belle lurette...)
L'ombre de Bowie plane souvent...Et quelques invités de marque (Jonathan Donahue de Mercury Rev, e.a.) renforcent la crédibilité de ce jeune groupe.
Pour My Little Cheap Dictaphone, la véritable tragédie serait de ne pas rencontrer le succès qu'il mérite.
dimanche 18 avril 2010
Tendances 2010 version 6.3
Après un démarrage plutôt hésitant, 2010 semble virer vers le bon cru. La preuve : cette nouvelle édition triple pleine de fraîcheur (Gerome Gallo et sa naïveté printanière; Kate Nash et son espièglerie de cour de récré)
De jolis bourgeons pop (Tunng, Emmanuelle Seigner)
Des revenants au sortir d'une hibernation prolongée (Fun Lovin'Criminals, Corinne Bailey Rae, Eté 67, Tindersticks, Marie Warnant, LCD Soundsystem, Aaron et même...Debbie Harry)
Quelques tueries electro pop (Jamaica, French Horn rebellion vs Database, Fortune, Hot Chip, Curry & Coco)
Des Cow-Boys normands (La Maison Tellier), un casse couille nécessaire (Saez) et la fée clochette (Joanna Newsom)
Au total, 63 titres à découvrir en terrasse, en T-shirt (ou sans mmmmh...), en sirotant une bonne bière fraîche ou une menthe à l'eau...
Livraison prévue entre le 19 et le 30 avril.
Vive le printemps !
De jolis bourgeons pop (Tunng, Emmanuelle Seigner)
Des revenants au sortir d'une hibernation prolongée (Fun Lovin'Criminals, Corinne Bailey Rae, Eté 67, Tindersticks, Marie Warnant, LCD Soundsystem, Aaron et même...Debbie Harry)
Quelques tueries electro pop (Jamaica, French Horn rebellion vs Database, Fortune, Hot Chip, Curry & Coco)
Des Cow-Boys normands (La Maison Tellier), un casse couille nécessaire (Saez) et la fée clochette (Joanna Newsom)
Au total, 63 titres à découvrir en terrasse, en T-shirt (ou sans mmmmh...), en sirotant une bonne bière fraîche ou une menthe à l'eau...
Livraison prévue entre le 19 et le 30 avril.
Vive le printemps !
mardi 13 avril 2010
Françoise Hardy - La Pluie sans Parapluie
Après un album de duos joliment troussé mais, au final, assez décevant et une auto-biographie au vitriol; pouvait-on s'attendre à être à nouveau ému par cette grande dame de la Variété française ?
Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'elle s'y est employée.
Entourée de complices fidèles (Alain Lubrano en tête) et de seconds couteaux de la chanson (Thierry Stremler, La Grande Sophie...) Françoise Hardy livre ici sa part d'ombre la plus subtile. On est évidemment pas chez Mylène Farmer (fort heureusement...) ni chez Dead Can Dance... C'est un disque de salon. Pas de chambre noire ou de camisole...
Quelques bonnes surprises : l'excellent single "Noir sur Blanc" écrit par un Callogéro qu'on attendait vraiment pas sur ce terrain... Murat qui se lache en anglais sur un "Memory Divine" de très envoûtante facture.
Un très beau disque qui souffre parfois d'un manque de courage. On aurait souhaité qu'une artiste aussi éveillée aux évolutions de la pop prenne plus de risques...Se montre plus aventureuse. Goûte à nouveau au "Danger".
C'est cette absence d'aventure qui cloue au sol des titres comme "Champ d'Honneur" ou "Je ne vous aime pas".
Sans doute faut il le voir comme un album crépusculaire : tant de conflits larvés qui s'apaisent en douceur.
Empreint d'une certaine froideur...qui, au fond, correspond assez bien à l'hôte de la maison.
Françoise Hardy réussit l'exploit de faire défiler quarante années d'une carrière exemplaire sur un disque sans esbroufe, dépourvu de tout accès de jeunisme. Si seulement Brigitte Fontaine décidait d'en faire autant...
Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'elle s'y est employée.
Entourée de complices fidèles (Alain Lubrano en tête) et de seconds couteaux de la chanson (Thierry Stremler, La Grande Sophie...) Françoise Hardy livre ici sa part d'ombre la plus subtile. On est évidemment pas chez Mylène Farmer (fort heureusement...) ni chez Dead Can Dance... C'est un disque de salon. Pas de chambre noire ou de camisole...
Quelques bonnes surprises : l'excellent single "Noir sur Blanc" écrit par un Callogéro qu'on attendait vraiment pas sur ce terrain... Murat qui se lache en anglais sur un "Memory Divine" de très envoûtante facture.
Un très beau disque qui souffre parfois d'un manque de courage. On aurait souhaité qu'une artiste aussi éveillée aux évolutions de la pop prenne plus de risques...Se montre plus aventureuse. Goûte à nouveau au "Danger".
C'est cette absence d'aventure qui cloue au sol des titres comme "Champ d'Honneur" ou "Je ne vous aime pas".
Sans doute faut il le voir comme un album crépusculaire : tant de conflits larvés qui s'apaisent en douceur.
Empreint d'une certaine froideur...qui, au fond, correspond assez bien à l'hôte de la maison.
Françoise Hardy réussit l'exploit de faire défiler quarante années d'une carrière exemplaire sur un disque sans esbroufe, dépourvu de tout accès de jeunisme. Si seulement Brigitte Fontaine décidait d'en faire autant...
Gerôme Gallo - Quelle Histoire
Après avoir pratiqué l'art de la fugue sur la poudreuse, votre humble serviteur est de retour et n'a qu'une seule envie : RE-PAR-TIR !!!
Durant cette semaine d'altitude et de plénitude, j'ai décidé qu'un peu de légèreté et d'insouciance musicales ne me feraient pas de mal... Découvert il y a quelques semaines par l'entremise d'un single frais et sautillant (aux réminiscences Stevie Wonder indéniables), le jeune Gérome Gallo (candidat malheureux de la nouvelle star édition 2003) m'est instantanément tombé dans l'oreille...A tel point que j'ai eu envie de découvrir son premier album intitulé "Quelle Histoire".
D'emblée, on comprend ce qui a contraint le jury caricatural de l'émission à briser les ailes de ce frêle adolescent. C'est ce côté gentil, optimiste (certains diront "mièvre") souvent désarmant (jamais consternant) qui ne cadre pas du tout avec le cahier des charges tendance dico-gothiquo-bobo qui semble faire religion à Balard.
Alors oui, Gerome Gallo veut nous raconter des histoires franchement pas très palpitantes...mais il le fait avec un sens mélodique qui n'est pas sans rappeler Sinclair,Martin Rappeneau ou même Obispo. Autant d'artistes qui avaient su plaire le temps d'un premier album prometteur...mais dont l'éclosion s'est très rapidement muée en une implosion créative (carrément grotesque pour le 3e larron)... En attendant de voir le jeune niçois s'enliser dans la pissaladière, savourons simplement ce petit pain au miel qu'il nous sert sans prétention.
Durant cette semaine d'altitude et de plénitude, j'ai décidé qu'un peu de légèreté et d'insouciance musicales ne me feraient pas de mal... Découvert il y a quelques semaines par l'entremise d'un single frais et sautillant (aux réminiscences Stevie Wonder indéniables), le jeune Gérome Gallo (candidat malheureux de la nouvelle star édition 2003) m'est instantanément tombé dans l'oreille...A tel point que j'ai eu envie de découvrir son premier album intitulé "Quelle Histoire".
D'emblée, on comprend ce qui a contraint le jury caricatural de l'émission à briser les ailes de ce frêle adolescent. C'est ce côté gentil, optimiste (certains diront "mièvre") souvent désarmant (jamais consternant) qui ne cadre pas du tout avec le cahier des charges tendance dico-gothiquo-bobo qui semble faire religion à Balard.
Alors oui, Gerome Gallo veut nous raconter des histoires franchement pas très palpitantes...mais il le fait avec un sens mélodique qui n'est pas sans rappeler Sinclair,Martin Rappeneau ou même Obispo. Autant d'artistes qui avaient su plaire le temps d'un premier album prometteur...mais dont l'éclosion s'est très rapidement muée en une implosion créative (carrément grotesque pour le 3e larron)... En attendant de voir le jeune niçois s'enliser dans la pissaladière, savourons simplement ce petit pain au miel qu'il nous sert sans prétention.
vendredi 2 avril 2010
La Maison Tellier - L'Art de la Fugue
Qui pourrait croire que dans les entrailles des terres normandes git de la graine de Far-West?
A voir la dégaine de ces 4 cowboys plutôt fringuant, on en reste pantois...
La Maison Tellier plante son décor de Western malade et ses anachronismes truculents.
Parfaitement bilingue, cet album est un pont d'or entre la France et les Etats-Unis, pour tous les amoureux de folk habité. La palette d'instruments est large : le banjo est roi. Il côtoie ça et là une trompette soul ou des violons tristes. On pense souvent aux Tindersticks de la grande époque.
Les textes, lorsqu'ils sont en français, se jouent de certaines expressions et autres clichés. Ce qui donne à l'ensemble une patine d'humour noir.
Une maison plutôt bien tenue. Tantôt saloon, tantôt manoir. Guy de Maupassant ne se retournera pas dans sa tombe. Ses héritiers sont à la hauteur.
A voir la dégaine de ces 4 cowboys plutôt fringuant, on en reste pantois...
La Maison Tellier plante son décor de Western malade et ses anachronismes truculents.
Parfaitement bilingue, cet album est un pont d'or entre la France et les Etats-Unis, pour tous les amoureux de folk habité. La palette d'instruments est large : le banjo est roi. Il côtoie ça et là une trompette soul ou des violons tristes. On pense souvent aux Tindersticks de la grande époque.
Les textes, lorsqu'ils sont en français, se jouent de certaines expressions et autres clichés. Ce qui donne à l'ensemble une patine d'humour noir.
Une maison plutôt bien tenue. Tantôt saloon, tantôt manoir. Guy de Maupassant ne se retournera pas dans sa tombe. Ses héritiers sont à la hauteur.
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