La vie est une compil. Chaque jour est une playlist. L'amour est un remix...

lundi 25 avril 2011

Metronomy - The English Riviera

Mais que s'est-il passé ? Par quelle miracle le soleil a-t-il  décidé de poser sa chaude et radieuse clémence sur une musique autrefois si hermétique et sombre?
D'emblée, je l'avoue, je n'ai pas aimé "Nights Out", le précédent disque de Metronomy. Pour moi, les dithyrambes et autres éloges qui accompagnèrent la sortie de ce disque n'étaient rien d'autre que de la hype. Et vas-y que je te balance du "nouveau New Order" à tout va. Pour moi la seule et unique question qui me vient à l'esprit à l'écoute pénible de "Nights Out" (oui oui, j'ai essayé récemment de donner une seconde chance à ce disque...) c'est : où sont les chansons ?
Depuis quelques mois cependant, la musique de Metronomy semble sortir de son marasme amorphe. Quelques remixes pour Charlotte Gainsbourg, Gorillaz, CSS, Air... et j'en passe; semblent avoir ouvert l'esprit à Joseph Mount et aux siens.
Porté par le sautillant "The Look", le nouvel album du groupe témoigne d'une radicale transformation. Des jours meilleurs semblent bel et bien sourire aux anglais originaires du Devon.
Une transformation comparable à celle de Pulp en son temps. 
Rien que par son titre "The English Riviera" évoque, non sans ironie, ce besoin d'hédonisme et de souplesse qui semble désormais animer le quatuor. Bon, bien sûr, on est tout de même pas chez Jamiroquai, à se dandiner du popotin à tout va devant des posters de Ferrari (pas Lolo, la voiture)... Mais on se surprend souvent à se dire que  MGMT, c'était tout de même mieux avant...quand ils faisaient de la musique comme Metronomy aujourd'hui... J'exagère encore mais je trouve tout de même que "The English Riviera", tout comme "Oracular Spectacular", il n'y a pas si longtemps, est la plus chouette façon de conjuguer la pop à toutes les modes.
La très bonne surprise du moment.

Timber Timbre - Creep On Creepin' On

D'une absolue modernité, la musique de Timber Timbre se joue des codes du blues, du folk et même de la musique orchestrale. Le trio canadien officie depuis quelques années dans une confidentialité injuste... Leur nouvel album pourrait bien changer la donne. On pense ici aux Black Keys, là aux Tindersticks. Mais dans des sphères supérieures. A mille lieues des formats rassurants de la pop; la musique de Timber Timbre est pourtant sexy et séduisante. Elle sait aussi se faire inquiétante par endroits. L'usage cinématographique et parcimonieux des cordes fait définitivement de ce disque un ovni musical. Depuis quelques jours, le fabuleux single "Black Water"(prends en de la graine Radiohead) et son entêtant refrain "all I need is some sunshine..." tourne en boucle dans mon I-Pod...preuve s'il en est du pouvoir indéniable de ces chansons envoûtantes et envoûtées sur notre monde. D'ores et déjà un des grands albums de 2011.

Adam Kesher - Challenging Nature

Dur dur de survivre à l'ère post-electro-clash ?
Adam Kesher répond en toute décontraction à cette question, par un album percutant, jouissif et génial.
Qui se cache derrière ce pseudonyme sorti tout droit de Mulholland Drive ?
Une volonté de brouiller les pistes, d'abord.
Adam Kesher est un groupe. Pas un homme seul.
A l'écoute de sa musique, on le jurerait londonien ou berlinois... il est français.  Mais, fort heureusement, et ce même si le son du groupe doit beaucoup à la "D.J. Culture", Adam K. n'a aucun lien de parenté avec David Guetta ou Bob Sinclar.
A la fois noctambule et radieuse; rock et disco, la musique du groupe enflamme nos jambes et nos méninges avec malice (sur un "Gravy Train" que n'auraient pas renié The Rapture, par exemple).
Si "Challenging Nature" pourrait se traduire par "chasser le naturel...", gageons que son galop de cheval fou reviendra longtemps rythmer nos soirées les plus déjantées...

Rumer - Seasons of My Soul

Clone vocal troublant de Karen Carpenter, il était normal que Sarah Joyce (aka Rumer) se voit adoubée par l'immense Burt Bacharach, et ce, dès son premier album.
La jeune anglo-pakistanaise pratique un genre peu emprunté de nos jours et s'en sort plutôt bien : l'easy-listening, tendance mélancolique, des années 70.
En soit, il en faut du cran et de l'envergure pour endosser ces chansons sans tomber dans la guimauve et le ridicule. Bien qu'un peu trop engoncée dans l'écrasant modèle que constitue la musique des Carpenters; Rumer surnage avec classe, forte d'un organe vocal au pouvoir envoûtant. La production est soyeuse à souhait. L'équilibre fragile mais bel et bien là. Reste à espérer que l'artiste parviendra à affirmer sa propre personnalité et ne tombera pas dans la redite dès le second album. Pour l'heure, nous aurions tort de bouder notre plaisir... "What the world needs now is love, sweet love..." et ce n'est pas ce bon vieux Burt qui dira le contraire...

Keren Ann - 101

Ainsi, la tendance actuelle serait-elle de débuter tout album par un morceau qui n'a rien à voir avec le reste du disque ? 
En écoutant "My Name is Trouble", single éclaireur du nouvel opus de Keren Ann on se dit que la jolie franco-néérlandaise a enfin décidé de renouer avec le succès pop des ses premières écoles. Bien que lorgnant plus du côté de chez Feist que chez Biolay, son compagnon de la première heure; on ne peut s'empêcher d'y croire. Keren Ann va enfin être la reine des radio FM qu'elle n'aurait jamais du cesser d'être (et ce depuis "Jardin d'Hiver")... Mais dès le second titre de l'album, c'est le grand retour de l'Americana... On se retrouve un peu la queue entre les jambes...mais si l'on est pas dépourvu d'oreilles, la déception n'est que de courte durée. D'accord, la folkeuse est de retour...et ce n'est pas la meilleure des nouvelles... On se souvient du raté (et bien nommé) "Not Going Anywhere" et l'on s'apprête à bailler aux corneilles...mais on a pas oublié non plus les fulgurances de l'intriguant "Nolita". Et c'est justement cette veine suave, boisée et un peu dérangée que Keren Ann a décidé de creuser.
Au final, "101" est, à ce jour, son album le plus cohérent. Chœurs angéliques, violons planants... maîtrise des atmosphères et des arrangements. Le tout au service d'une écriture classique et impressionnante de maturité. Un disque dont on attendait beaucoup...puis plus rien...et, finalement, qui nous donne tout. Désarmant.

Joseph d'Anvers "Rouge Fer"

Partiellement gâché par un usage intempestif du franglais (entendez un mélange de poésie française sortie tout droit du journal intime d'un adolescent attardé et un anglais de terminale b), le troisième album de Joseph d'Anvers commence pourtant très fort. Rarement l'ouverture d'un disque n'aura été aussi magistrale que ce "Ma Peau Va te Plaire" de très haute facture. Un titre poliment refusé par Alain Bashung lors des sessions "Bleu Petrole". Sans doute trop révérencieux ou référencé ("Madame Rêve" ou "La nuit je mens" en trame de fond un peu trop présente). Qu'importe, à défaut de bleu, le "Rouge Fer" va très bien à ce morceau qui plane très au dessus du chapelet d'autres chansons qui composent cet album. Longtemps présenté comme le petit frère de Miossec; Joseph d'Anvers avait souhaité s'éloigner du carcan un peu trop étriqué de la "nouvelle chanson française". Pour son deuxième disque, en effet, il s'était envolé pour les U.S.A. où, en compagnie des Beastie Boys et de Beck, il avait tenté de redéfinir les contours de sa power-pop. Cette fructueuse collaboration lui a permis d'acquérir une certaine efficacité dans l'écriture de chansons aux couplets acérés et refrains imparables.
Hélas, si le plumage s'avère plus que séduisant; le ramage souffre souvent d'un simplisme indigent... et la question qui se pose  à l'écoute du disque est sans appel : "Pour un Bashung...combien de Raphael ou de Joseph d'Anvers ?"

jeudi 21 avril 2011

Stromae / Irma - Ancienne Belgique - 20.04.11

Que les pauvres d'esprit qui n'ont pas trouvé plus riche métaphore en comparant Stromae à Jacques Brel aillent définitivement se rhabiller.
Paul Van Haver était dans la place hier soir. A l'Ancienne Belgique, plus précisément. Chez lui.
Et même si le Grand Jacques a foulé la célèbre scène de spectacle bruxelloise des années lumières avant le grand échalas jettois; quand Stromae scande d'emblée : "Bienvenue chez Moi"; on est chez lui et pas chez quelqu'un d'autre. En tout cas, certainement pas au musée de cire pompes de la chanson française avec un grand "C" comme chienlit...   S'il fallait trouver quelques accointances entre l'univers de Stromae et ses pairs; on irait plutôt les chercher du côté des Pet Shop Boys (pour la mise en scène rectiligne et théâtrale) ou de Faithless (pour le son : carré, percutant, irrésistible).

La prestation scénique d'hier soir montre que l'artiste n'est pas l'homme d'un tube. L'univers cohérent qu'il défend corps et âmes (parfois comme un possédé) prends une toute autre ampleur sur scène. A plusieurs reprises, je me suis retrouvé en pleine nostalgie des années "niou-bite", sur le dancefloors d'un autre lieu mythique de la vie nocturne bruxelloise : la Gaité (la percutante et très réussie reprise de "Putain Putain" de TC MAtic)

De la gaieté, il y en eu souvent lors de ce concert. Bien sûr, nous n'échaperions pas aux désormais célèbres leçons de musique de professeur Stromae. Tant de moments "brise glace" qui rendent vraiment le personnage attachant.
Rarement, dans une A.B. pleine à exploser, on a vu un public aussi diversifié. Il semble que Stromae peut reprendre à sa charge l'expression " pour les jeunes de 7 à 77 ans".

En première partie, le jeune française Irma (qui démarre sur les ondes avec un joli premier single "I know") a assuré une prestation solo pétillante (entre Corinne Bailey Rae et Keziah Jones).

Bref, une soirée où tout le monde avait le "cheese" aux lèvres.

mardi 12 avril 2011

Return of the Space Cowboy - Jamiroquai / Penguin Prison - Forest National 10/04/11

 Arrogant, paradoxal, cheesy... Pour une bonne frange de l'intelligentsia des chroniqueurs pop/rock; au moins un de ces qualificatifs sied au sieur Jay Kay. Et, il faut bien le dire, ce dernier l'a plutôt cherché...
Mais il est indéniable qu'au même titre que Faithless - dans un autre régistre - Jamiroquai a su incarner de manière efficace la musique "dance" mainstream des années 90/00.

Né au début des années 90. Surfant sur la vague "acid jazz" en même temps que des groupes tels que les Brand New Heavies (dont Jay Kay postula pour devenir chanteur) Galliano ou Corduroy; Jamiroquai est le seul groupe a avoir survécu à la déferlante grunge puis au raz de marée britpop.
Lorsqu'en 1993 paraît l'album "Emergency on Planet Earth" un engouement immédiat se fait sentir pour ce son "bigger than life" emprunté, de manière totalement décomplexée, à Stevie Wonder ou aux Jackson Five.
Jay Kay se veut militant écolo, ami des Iroquois (le nom du groupe vient de là) ou des Aborigènes ...mais sera très vite rattrapé par ses passions paradoxales (ferrari, hélicos, et tutti quanti...) que l'omniprésent didgeridoo des débuts ne parviendra pas à dissimuler bien longtemps.

Qu'à celà ne tienne, dès le troisième album du groupe; Jay Kay décide de ne plus être le Nicolas Hulot de la pop.
Le clip de "Cosmic Girl" déploie, durant toute la chanson, la puissance motrice d'une Lamborghini Diablo sur fond de paysages de cartes postales...
Une bien belle forme de suicide politique...et de renaissance pop.
Car enfin débarrassées de leur discours plombant, les chansons de Jamiroquai s'avèrent être de redoutables machines à danser. Faites le test : écoutez le best of "High Times" paru en 2006... C'est irrésistible : impossible de rester en place.

A la parution du best-of en question, Jay Kay décida de lever le pied... Après un silence de près de 5 ans, un autre test allait avoir lieu. Celui des retrouvailles avec le public. A l'occasion de la parution d'un nouvel album, d'abord : "Rock Dust Light Star". Sorti à la fin 2010, le disque confirme que le groupe a toujours de bonnes recettes pour nous faire guincher. Mieux : c'est tout simplement le meilleur album de Jamiroquai à ce jour.
Ensuite, il fallait bien que Jay et sa bande reviennent à la scène.

Ce fut chose faite, ce dimanche 10 avril, à Forest National. Concert sold out. Ambiance "cool regarde comme je danse".
Côté mise en scène; c'est l'artillerie lourde. Ambiance cosmique d'entrée de jeu. Belles images de cosmonautes (vive Youri Gagarine !) et jolie planètes de balsa XXL.
Le son à Forest, est toujours aussi moyen...mais les musiciens sont des pointures. Ici aussi, on a pas lésiné. Choeurs, cuivres... tout est rôdé.
De son côté, Jay Kay (affublé d'un étouffant et somme toutes assez vilain poncho) assure. Plus aussi bondissant qu'il y a quelques années (voir le clip de "Canned Heat")...il livre toutefois une performance vocale impeccable.
On est pourtant surpris de compter les silences, parfois interminables, entre les morceaux à plusieurs reprises durant le spectacle. Pour sûr, Jay Kay ne ferait pas long feu au Jamel Comedy Club...mais bon, allez, on lui pardonne...pour tout le bonheur qu'il nous donne.
En première partie du concert, les New Yorkais de Penguin Prison étaient une inattendue surprise. Eux qui ont remixé un des dernier single de Jamiroquai ont donc été remerciés de bien belle façon. Leur excellent single "Golden Train", joué d'entrée de jeu, laisse entrevoir de jolies promesses.

Sur le chemin du retour, on m'a déposé à hauteur du Kaai Theatre (feu la Luna) où, il y a près de vingt ans j'assistais au premier concert de Jamiroquai à Bruxelles...
Je me souviens de cette époque où cette musique hédoniste a su m'aider à traverser des moment pénibles...

...putain j'ai 40 ans !

jeudi 7 avril 2011

Jamie Woon - Mirrorwriting

L'essai tenté, et réussi un peu trop partiellement par l'ami James Blake se trouve ici transformé de main de maître par un jeune singer/songwriter sorti de nulle part.
Il y a beaucoup de similitudes entre Blake & Woon.
A commençer par cette voix angélique et ces emprunts aux codes du dubstep et du downtempo tendance electro.
Ce qui les sépare est sans doute la conception de l'écriture musicale. Si, chez James Blake, la voix est un instrument parmi d'autres; pour Woon, elle est l'axe central d'une sublime et minutieuse machinerie dédiée aux rythmes nocturnes. Moins aventureuse que chez Blake, la musique de James Woon se veut plus accessible. Plus pop. Carrément catchy parfois (les singles "Night Air" et "Lady Luck") c'est une pop qui fait du bien. Capable de nous entraîner sur des sentiers encore inexplorés. Un disque généreux dont on ressort serein et comblé.

Cascadeur - The Human Octopus

Un album sans relief...c'est ce qu'une oreille habituée aux écoutes superficielles aurait tendance à déplorer en découvrant "The Human Octopus". Chaque chanson semble,  de prime abord, construite rigoureusement sur le même schéma. Chaque titre pourrait bel et bien illustrer le mythe de Sisyphe et de l'éternel recommencement... Mais une oreille avide de beauté profonde aura tôt fait de corriger ces impressions hâtives qui caractérisent de plus en plus la manière dont nous appréhendons la musique...et toutes choses en général...

Un album sans relief...mais qui ne contiendrait que des sommets !
Voilà sans doute la définition parfaite d'un des plus émouvants disques de ce printemps.
"The Human Octopus" est une pûre féérie dans laquelle je ne peux que vous recommander de vous immerger, en toute confiance.
Semblant vouloir nous protéger de la rudesse du monde qui nous entoure, Cascadeur nous emmène sous son casque d'aviateur et nous fait virevolter, sans aucune doublure... devenant ainsi le Rémi Julienne de nos émotions les plus folles.
Sensations d'apesanteur garanties.

Julien Doré - Bichon

Sur la pochette de son nouvel album, le dandy télévisuel pose en parfaite tête à claques. Sans complexe, il cite C Jérome (en franglais dans le texte) sur "Kiss me forever", premier single extrait d'un chapelet de chansons franches du collier. Décomplexées de tout.
Je le dis d'emblée. Il n'y aura aucun soufflet à l'égard de ce gars à l'écriture aussi incisive et drôle qu'impeccable et surréaliste.
Plus mainstream qu'Arnaud Fleurent Didier; Julien D adopte comme lui les codes de la pop à papa et les détourne avec classe.
Après un premier disque de commande un tantinet dispersé, l'ersatz de la Nouvelle Star, resserre le propos (unité de ton musicale) mais sait aussi s'offrir des featurings de diva (Françoise Hardy, Philippe Katerine, Yvette Horner, Dominique A...cherchez l'intrus ;)
Sous les pavés la hype ? Oui...mais sous la hype: l'émotion...inattendue...et bien là.

Mogwai - Hardcore will Never die but you will

Je n'ai jamais très bien su ce que signifiait la terminologie : "Post-Rock". Genre musical apparu au milieu des années 90; en réponse aux guitares ultra-calibrées des productions Butch Vig. Il est vrai qu'à cet époque; le rock avait un peu perdu ses couilles... euh, pardon, sa spontanéïté... Garbage et son rock Pro-Tools (le bien nommé "Version 2.0") avait sans doute fini par en écœurer plus d'un... Hors format; à la fois fascinante et foudroyante; la musique de Mogwai incarne cette tendance à contre courant. Des chansons qui n'en sont pas (quasiment aucune voix). Des morceaux étirés aux confins du possible.
Beau, tendu; lumineux et sombre à la fois : "Hardcore Will Never Die but You will" est encore un chef-d'oeuvre. Disque de chevet durant ma convalescence. Bande son de vos plus somptueux cauchemars. Ne passez surtout pas à côté du 2e CD offert avec l'album. Celui ci contient un morceau dantesque intitulé "Music for a Forgotten Future". En 23 minutes de quintescence pûre, Mogwaï redéfinit la grace.
Et si on pouvait, une fois encore, donner un conseil à Lady Gaga; on ne lui demanderait pas d'écouter cet album...juste de recopier 100 fois son titre, dans son cahier de punitions (elle qui nous en inflige tant...)

Selah Sue

Cocorico ! Révolution fritesque ! Vee Van Bomma en slip... tout ce que vous voulez !! L'album qui place à nouveau la Belgique au centre du monde (juste après le Japon et la Lybie, tout de même) est enfin arrivé.
Ca n'avait l'air de rien, quand, il y a bientôt deux ans, Laurent (pas le Prince, le Tendancieux ;) me fit découvrir ce petit bout de sniffeuse de Leefdaal.
"Ragamuffin" avait déjà tout d'une petite bombe mais encore fallait-il trouver l'amorce... Elle viendra en partie du soutient et de la collaboration d'artistes aussi divers que Jamie Lidell, Cee Lo Green, Millow et...Prince (excusez du peu !)
Pour son premier opus, Selah Sue offre à sa voix des écrins tantôt soul, tantôt rock; et toujours cette petite patine vaguement reggae qui fait grimper le mercure à chaque détour. Une production sobre qui n'a toutefois rien à envier aux modèles de soul anglaise revivaliste (Amy Winehouse et Duffy, qui vient de rater son second album...)
Si pouvait donner un conseil à Lady Gaga : ce serait d'écouter cet album et d'en prendre de la graine...

The Phoenix Foundation - Buffalo

La relève de la garde, c'est quand ?
La dernière remonte à quelques années déjà... et s'appelait Coldplay... Depuis, rien de bien transcendant... Ca ronronne...exactement comme le début de cet album. Un ronronnement majestueux qui évoque feu Sparklehorse et installe d'emblée une atmosphère captivante.
Les Néo-Zélandais n'en sont pas à leur coup d'essai. Cet album est leur quatrième. Il révèle la personnalité d'un groupe d'envergure. Un groupe capable de tenir son auditeur en haleine. Dès le second titre, plus enlevé, on se dit qu'avec un petit coup de pouce des radios, ce groupe ferait bien la nique à Kings of Leon ou ces usurpateurs de Snow Patrol.
Des relents de Velvet Underground sur "Flock of Hearts", nous laissent définitivement sur une impression très positive.
Une production maline qui fait défaut sur le dernier R.E.M. achève de nous convaincre : et si on la tenait, enfin, cette fichue relève...

James Blake

Avant d'avoir une voix, James Blake était le jeune compositeur d'une musique électro un tantinet dérangée. Souvent fascinante, mais surtout instrumentale... et donc confidentielle.
Il aura suffit d'une reprise d'un morceau de Feist (Limit To Your Love) pour ouvrir au londonien les portes de la reconnaissance et en faire la sensation de l'hiver 2011. En plus d'être tout simplement sublime, cette version a surtout eu le mérite de révéler une voix magnifique. L'annonce d'un album entièrement chanté semblait donc une des meilleures nouvelles de ce début d'année... A l'issue des premières écoutes, la satisfaction est pourtant loin d'être totale... Souvent, James Blake se fait du mal...à sa voix surtout.
En ne renonçant pas à ses expérimentations sur les textures sonores électroniques; il gâche une partie de son songwriting... A l'inverse d'un Jamie Woon (possible frère de sang musical) qui irradie l'obscurité de sa musique; James Blake assombri trop souvent la clarté de son timbre.
Indéniablement, ce disque est un des grands albums de ce début d'année. Il aurait toutefois gagné à plus de concision.
James Blake confère une dimension organique à son électronique. Jamais des vocoders n'ont sonné de manière aussi humaine. Troublant.
Un bien bel ovni qu'il doit être passionnant de découvrir sur scène...

Anna Calvi

Si le côté cérébro-littéraire de PJ Harvey vous exaspère définitivement. Si les derniers concerts de la dame du Dorset vous ont fait bailler aux corneilles... Dites-vous que votre ex-héroïne vient peut être de trouver sa méthadone, en la jeune et jolie personne d'Anna Calvi.
Quant Polly Jean se vautre dans des références pseudo-historiques pour tenter de donner un peu de densité à son rock fané; Anna Calvi parvient à rallumer la flamme dès les premières notes de son premier album. Les références sont indéniables : PJ, Siouxsie, Patti Smith. On a parfois l'embarrassante impression d'être en présence d'une sorte de best-of hybride : une compil' de Patti J. Sioux. Mais, au final, l'album emballe. Des chansons pas vraiment neuves...mais interprétées avec justesse et sincérité. L'énergie du jeune espoir. 

Holy Ghost !

A l'heure où The Human League amorce son grand (?) retour dans une indifférence quasi générale (à l'exception de quelques remixeurs dans le besoin...) et où les Pet Shop Boys se perdent (et nous perdent) dans les méandres d'un balais pour guimauves; on accueille à bras ouverts Nick Millhiser et Alex Frankel, duo de fiefés remixeurs (Moby, MGMT,Phoenix e.a.).
Sans aucun complexe, ils réussissent haut la main l'exercice périlleux de l'album et redonnent du sens à une electro-pop de plus en plus galvaudée (Hurts...) Efficacement charpentées, les chansons d'Holy Ghost! évoquent des Kraftwerk hédonistes. Des Scissor Sisters ascétiques. Un MGMT qui n'aurait pas baissé les bras... A la fois irrésistiblement dansant et cérébral; d'une cohérence exemplaire; ce disque un pur bijoux d'electro-pop addictive. Sans aucune faute de goût.

James Vincent McMorrow - Early in the Morning

Éternellement revigorée :  la veine folk sublimée récemment par des groupes tels que les "Fleet Foxes" continue d'irriguer de nouveaux talents.
De sa voix d'ange désabusé, James Vincent McMorrow, jeune dublinois qui tutoie l'Americana , sort un magnifique premier album boisé et radieux.
"Early in the Morning" fait partie de ces albums à l'authenticité irréfutable. De facture ample et classique, chaque chanson est un cadeau du ciel. Chaleureux. Réconfortant. L'idéale petite musique du Printemps.

mercredi 6 avril 2011

Chapel Club / AB Club (vendredi 01/04/10 - Ancienne Belgique)

Il est de ces petits groupes auxquels on s'attache spontanément... Avec qui on a envie de faire un bout de route. Par sympathie ? Par nostalgie ?? Sans doute un peu des deux... Découvert il y a quelque mois, en première partie du concert des champions toutes catégories de l'année 2010 (Two Doors Cinéma Club, pour ne pas les nommer) "Chapel Club" fait instantanément penser aux Smiths des débuts. Michael Hibbert (flagrant sosie de Johnny Marr) et Lewis Bowman (qui n'a certes pas le charisme de Morrissey mais tient toutefois la comparaison sur le plan vocal) livrent un set impeccable, quoique un peu trop court. Fidèle à leur très bon premier album. Alors évidemment, on pourra très justement remarquer qu'ils n'ont rien inventé...mais on se gardera bien de leur reprocher. Dans cette salle à dimension humaine qu'est l'AB Club on vient de vivre un moment de pure jouvence... La sensation précieuse d'assister à notre premier concert rock, à 25 ans d'intervalle... Eternels adolescents...
CA n'a pas de prix.

Révérence... (Faithless - Pias Nites - Samedi 26/04/11)

Quelle occasion rêvée de réactiver ce blog quelque peu moribond depuis un certain temps... Le pénultième concert de Faithless. Un des derniers groupes phare de la scène dance des années 90 a décidé de tirer sa "révérence". Gros coup pour les Pias Nites. Je connaissais la réputation scénique du groupe mais je n'avais jamais eu l'occasion de les voir sur scène. Malgré un son vraiment loin d'être irréprochable (décidément, "Tours & Taxi"...) et, surtout, la crainte d'être pris à partie (mes côtes sont encore fragiles et ce genre d'évênement agité est plutôt redoutable) j'ai passé un excellent moment en compagnie du chamanique Maxi Jazz et de l'impavide Sister Bliss.
Beats martiaux. Hymnes scandés par la foule. Mise en scène somme toute assez classique. Même sans Rollo, le rouleau compresseur n'a rien perdu de son efficacité... Pourtant, l'histoire de Faithless semble bel et bien s'arrêter définitivement. Il faut l'admettre, le dernier album en date du groupe n'est pas parvenu à ré-inventer la formule... La fin d'une alchimie... Pour sûr, "Faithless" manquera aux festivals....
A noter : le tout dernier concert du groupe sera retransmis, en direct de Londres, sur grand écran, ce vendredi 08 avril à 23h30, au cinéma Kinépolis...