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jeudi 17 juin 2010

Stromae - Cheese

ô belgitude : cet étrange sentiment batard. A la fois teinté de mélancolie profonde et de franche rigolade. Etat paradoxal brassant toutes nos gloires et toutes nos hontes. Le fameux "Belgium, one point" érigé en trophée des Oscars.
Hier Sandra Kim et Technotronic. Aujourd'hui, Di Rupo et De Wever.
No comment ? Peut-être pas...
Dans ce contexte incertain et quelque peu tendu; arrive un gars à la décontraction salutaire. Son look bcbg très étudié ne fait pas illusion. Par contre, le sourire de Joconde arboré sur la pochette de son premier album (justement intitulé "Cheese") en dit long.
Il faut dire que Stromae (de son vrai nom Paul Van Haver) vient de réussir un coup plutôt fumant en plaçant son premier single au sommet de la plupart des charts européens (et pas uniquement francophones, n'en déplaise à certains...)
"Alors on danse" est sans doute l'illustration musicale parfaite de ce qu'est la "belgitude".
A la fois horriblement vulgaire et terriblement irrésistible. Capable d'irriter au plus au point et, l'instant d'après, de susciter l'enthousiasme le plus débridé.
A l'unanimité, on s'accorde pour dire que ce qui fait le succès de ce single, c'est l'habile contraste entre une musique festive,totalement décomplexée et des textes plus sombres.
Pas franchement formidables, les textes de Stromae ont toutefois le mérite de détoner.
"...mon cancer de la peau, j'ai bossé dûr pour me le payer..."(sur le vacancier "summertime") ou "...et si monsieur louche sur toi, il faudra se taire pendant qu'il te touchera..." (sur l'émouvant et dérangeant "Dodo" petit chef d'oeuvre de "chanson à texte" sur fond d'electro)
Il faut une bonne dose de second degré pour oser défendre une musique aussi racoleuse. Les arrangements ne font jamais dans la dentelle; encore moins dans le distingué. Stromae garde les jolies fringues pour sa garde robe perso. Sa musique sort à poil. Et c'est pas toujours beau à voir. Au mieux, on est chez Faithless ("Silence"). Au pire, on est chez les Confetti's ou un quelconque pseudo-groupe de la période "niou-bite" ("Hous'lelujah"). "Cheese", ça veut aussi dire craignos...
Ce qui aide à nous faire avaler cette jolie pilule rose, bleue et...un peu noire tout de même; c'est justement le personnage que Paul Van Haver s'est construit. A l'instar d'un James Deano qui aurait délaissé le hip-hop pour l'eurodance; Stromae définit les codes d'un personnage qui ne se prend pas au sérieux. Ses "Leçons de Musique" (à voir d'urgence sur Youtube) sont de véritables petits bijoux d'autodérision et de...belgitude.
De facile, ou pauvre; on finit par reconsidérer la house datée de Stromae comme une démarche minimaliste. Et on finit par trouver plutôt brillante cette capacité à plaquer  des textes désabusés sur des beats de techno-parade.
Et oui, la belgitude c'est aussi l'immense privilège d'avoir Stromae alors que d'autres ont Patrick Sebastien...
"Cheese est un plaisir...ET DOIT LE RESTER !"

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