Au beau milieu des années 90, alors que la "britpop" bat son plein et que la guerre entre Blur et Oasis fait râge, un petit irlandais tout chétif pointe le boût de son minois avec, en poche, un chapelet de mini-symphonies fraîches et délicates. Neil Hannon incarne à lui seul sa "Divine Comedy" et son premier essai ("Liberation") est un coup de maître.
Si,depuis belle lurette, les sismologues ont trouvé en Richter leur échelle de valeurs; il est surprenant que les amoureux de la "chose pop" n'ont pas encore mis un nom sur leur instrument de mesure... Sans trop prendre de risque, j'avancerais l'idée d' "Echelle de Spector"; sur laquelle, incontestablement, la carrière de The Divine Comedy joue aux montagnes russes depuis plus de 15 ans.Oscillant entre le bon et l'excellent (même dans ses pires moments - un duo inutile avec Valérie Lemercier - Neil Hannon n'a jamais connu la médiocrité...Depuis son consternant duo avec Eddy Mitchell, Melody Gardot ne peut plus en dire autant...); l'irlandais nous a habitué à quelques chefs d'oeuvres : "Liberation"(1993) et sa musique de chambre à la sauce Lo-fi; "Casanova"(1996) luxuriant, à la démesure que n'aurait pas renié un Scott Walker s'il n'était devenu fou à lier...et "Regeneration"(2001), joli flirt avec l'électricité.
Entre ces disques, d'autres albums où Hannon annone brillamment son savoir faire, en bon premier de la classe. Autant d'albums convenables mais sans véritable étincelle.
A l'écoute du single éclaireur de "Bang goes the Knighthood", on se dit que le nouvel album promet d'être un grand cru. "Absent Friends" (2004) et "Victory for the Comic Muse"(2006) n'étaient pas parvenus à nous emballer comme leurs illustres prédécesseurs...
De fait "At the Indie Disco" contient tout ce que Neil Hannon fait de mieux. Une ligne mélodique claire (empruntée aux Kinks); des violons légers et un joli texte mélancolique et drôle, en forme d'hommage à l'indie pop. Le meilleur single de The Divine Comedy depuis..."Something for the Weekend".
Hélas, le dixième album de l'irlandais n'emprunte que trop rarement cette voie... Quelques perles sont bien sûr à épingler : "I Like", "Neapolitan Girl" ou encore "Two Islands". Autant de pop-songs parfaites à la fois nostalgiques et bien dans notre époque. Mais sur la longueur, le disque emprunte souvent des travers douteux. Le verbe haut (l'excellente chronique de la crise financière abordée sur "The Complete Banker") doit souvent batailler dûr avec la muzak la plus balourde...et on se surprend à bailler plus d'une fois. Pire, lorsque Neil tente de battre le record de la note la plus longue, il touche le ridicule...
Certes, ce disque qu'on aurait aimé adorer n'est pas mauvais. Beaucoup d'apprentis songwriters s'en contenteraient...Si Dante a trouvé son enfer; Hannon a enfin trouvé le sien : être condamné à l'excellence...ou decevoir. Cet album en est la preuve.
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