Avec Hooverphonic (une de nos fiertés nationales, si tant est que ce mot à encore un sens en ce dimanche électoral...); Morcheeba sont les seuls survivants de la période bleue des années lounge.
A la croisée des sentiers sombres creusés par la mouvance "trip-hop" (de Massive Attack à Portishead) et des chemins bariolés du revival "easy-listening" qui offrit aux années 90 l'occasion de se prendre un peu moins au sérieux. Mike Flower Pops en réponse aux pôses arrogantes des frères Gallagher? Pink Martini pour faire oublier le suicide de Kurt Cobain ? Pourquoi pas... Mais bon, comment réécouter Mike Flower aujourd'hui sans éprouver un sentiment de honte irrépressible (à moins de s'appeler Béatrice Ardisson) ?
En infectant la pop de leur beats alanguis et de leur mélancolie classieuse, ces deux groupes ont gagné pas mal de galons dans l'estime du grand public.
Si les anversois ont longtemps recyclé les codes de la cold-wave; les anglais ont, quant à eux, toujours puisé leur énergie dans la soul.
Les deux groupes ont également souvent remis en cause leur formule pour, systématiquement, aboutir au même résultat (chanteuse originale virée après le premier album d' Hoover; rupture de contrat avec Skye Edwards après le pourtant sublime "Charango" en 2002)
Franchement, on a pas trop bien compris pourquoi Skye quittait le navire. Aussi bien elle que les frêres Godfrey (binôme pensant de Morcheeba) avaient peine à se justifier sur la question.
Sans doute fatiguée par le despotisme éclairé de ses deux comparses, Skye a tenté l'aventure en solo pour, au final, livrer la même recette avec plus ou moins de succès (l'honorable succés de "Love Show", premier single extrait de son premier album solo en 2006).
Sans elle, les frêres Godfrey ont livré deux albums : "The Antidote" (2005) et "Dive Deep" (2008). Disques de très bonne facture mais qui peinèrent à décoller sur scène pour la bonne et simple raison que ce qui manquait alors à Morcheeba c'était le charisme et la personnalité d'une chanteuse telle que Skye. En multipliant les vocalistes (Daisy Martey; Judy Tzuke et même Thomas Dybdahl), Morcheeba a fait les frais d'un phénomène de désorientation auprès de son public.
C'est dire si le retour de Skye est accueilli comme la poule aux œufs d'or par les promoteurs (qui font désormais tourner la roue de la fortune en matière de musique, en lieu et place des producteurs d'antan). Tout la campagne marketing qui accompagne la sortie de l'album repose sur cet argument.
Comme on devait s'y attendre "Blood like lemonade" ne change rien à la donne. Il reprend exactement les mêmes ingrédients qui ont fait le succès de Morcheeba. Avec, toutefois, ce tout petit supplément d'âme insufflé par Skye.
A lui seul, ce groupe illustre parfaitement l'adage : "on ne change pas une recette qui gagne".
Et c'est tellement vrai. Vous accepteriez, qu'on vous serve du Muscat à la place du Sauterne pour accompagner vos toasts au foie gras ? Pourquoi pas de la limonade, tant qu'on y est !?
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