La vie est une compil. Chaque jour est une playlist. L'amour est un remix...

dimanche 20 mai 2012

Semaine Tendancieuse (et Botanique) du 14 au 20.05.12

A défaut d'être relayées par la météo, cette année, les Nuits Botaniques marquent toujours le réchauffement de la vie musicale à Bruxelles.
Premier festival de l'année, l'édition 2012 semble avoir été moins courue que les précédentes...mais ce genre de statistiques, il faudrait vraiment songer à les mettre au placard si on veut enfin que le capitalisme fasse ses valises comme Sarko et Carlita ;)
Côté qualité, en revanche, l'affiche tient toujours la dragée haute et il est toujours aussi difficile de faire un choix.
Cette année, mon radar s'est orienté sur un immense coup de coeur (l'album de Dominique A, dont le concert de vendredi a déjà été chroniqué dans ces colonnes), et une découverte tout aussi immense (c'est rien de le dire) en la personne de Rover aka Timothée Regnier (qui n'a voir avec son illustre homonyme belge que le nom; tant on a bien du mal à imaginer ce colosse à la voix d'argile se glisser dans les costumes à paillette de Cloclo...).
Rover était à l'Orangerie ce vendredi 18 Mai. Il partageait l'affiche avec les estoniens de Ewert & the Two Dragons et les excellents Revolver. D'emblée, on ne comprend pas bien pourquoi c'est Rover qui ouvre... Son set puissant et maîtrisé méritait vraiment mieux qu'une vedette américaine. Impression d'injustice qu' Ewert et ses Dragons (dont on attend encore toujours les flammes...) confirmeront lors d'un concert sans grand relief...il semble bien que leur chouette single "In the End there's only love" constitue leur seul atout dans un jeu plutôt faiblard. Certes, Rover ne méritait peut-être pas la tête d'affiche (il faut dire que Revolver ont vraiment été intouchables ce soir) mais, au vu de son impressionante prestation qui confirme tout le bien qu'on pensait de l'homme à l'écoute de son premier album, on se dit qu'il mérite mieux qu'une voie de garage (hi hi hi...Rover...au garage...c'est golri, non ?...bon je sors...) Drôle et touchant, Rover a livré un set dense et concentré qui s'est terminé en beauté par un de mes singles fétiches de l'année, le bouleversant et entrainant 'Tonight" dont voici la prestation live filmée ce soir là :

http://www.youtube.com/watch?v=KK_s3YX1w24

Revolver, ont également confirmé leur statut d'amoureux transis d'un certain classicisme pop et on fait preuve d'une énergie que je ne leur soupçonnait pas (Les Pony Pony Run Run ont des leçons à prendre...). Les chansons de leur excellent second album "Let Go", ont été judicieusement boostées pour la scène et résistent magnifiquement au traitement.

Un aperçu ici :

http://www.youtube.com/watch?v=UDdAr2S3apc&feature=relmfu

Je m'en voudrais d'oublier d'évoquer les excellents concerts de Mina Tindle et Great Mountain Fire, lundi dernier au Museum du Bota. De toutes les salles accueillant des artistes durant le festival, celle-ci est incontestablement la plus magique (je me souviens d'y avoir découvert Benjamin Biolay, il y bientôt dix ans...) Mina Tindle, jeune chanteuse française, évoquant souvent Feist ou Keren Ann; fut une découverte ravissante. Débranchés et débraillés, au beau milieu du salon du Museum, les belges de Great Mountain Fire se redécouvrent et offrent à leur pop-rock de bad boys des alures bucoliques inédites et surprenantes. Mais qu'on ne se méprenne pas; même en versions acoustiques, ces chansons savent aussi nous donner des fourmis dans les jambes. Vivement l'album retraçant l'épopée "unplugged" du groupe qui devrait voir le jour en vinyle, sous peu...

Et pour terminer la semaine en beauté, par un disque cette fois, signalons la sortie, ce dimanche, au format digital du nouvel opus d'un des groupes les plus discrètement essentiels de la pop anglaise : "Words & Music by Saint Etienne" marque le retour de Sarah Cracknell, Bob Stanley & Bill Wiggs aux affaires...et de fort belle manière.
L'album est un véritable florilège. La plupart des titres sont des "instant-classics" qui, malheureusement, sont condamnés à rester cloitrés dans l'anonymat le plus injuste; à l'ombre de Madonna (qui ne sait sans doute plus ce qu'écrire une chanson signifie aujourd'hui...) ou de n'importe quelle groupe de R'n'B(ite molle). Ruez-vous sur ce disque...si vous avez besoin d'un plan pour le trouver, fiez-vous à sa pochette... "Penny Lane" a de beaux restes...surtout lorsqu'elle met du noir pour sortir le soir...et de rappeler qu'avec les Pet Shop Boys, Saint Etienne est le seul groupe capable de donner une véritable classe à l' "eurodance" ce genre batard et vulgaire qui fait la joie des macumbas de provinces et du rayon poissonnerie de nombreux supermarchés, durant les soldes...


dimanche 13 mai 2012

Semana Tendenciosa (08 au 13/05/2012)


C'est encore imprégné des ambiances andalouses que je suis revenu sous les lumières froides de Bruxelles. La peau toujours chaude. Un peu groggy, saoulé par les lueurs et l'azur. "Vers les Lueurs", c'est justement le titre du dernier et magnifique album de Dominique A. Seule véritable marque du printemps dans cette saison qui n'a jamais été aussi paresseuse que cette année... Et justement, le chanteur était de passage dans le cadre des Nuits Botaniques, vendredi dernier. Je ne pouvais évidemment pas manquer la venue de l'homme qui a réinventé la chanson française, il y a vingt ans déjà.
Tant d'années caractérisées par une intégrité sans faille, une exigence incorruptible et une singularité sans compromis. Pour célébrer le vingtième anniversaire de son premier album, Dominique A choisi de le rejouer dans son intégralité sur scène. "La Fossette" n'est pas un de mes disques de chevet. Minimal, mal produit. Trop hermétique pour moi. Mais il a eu le mérite de balafrer la chanson française comme nul autre disque ne l'avait fait auparavant...laissant une cicatrice nécessaire à une genre qui avait fini par faisander (se souvenir du passage ravageur de Dominique aux Victoires de la Musique en 1996)
Il a révélé une voix capable de fendre les cieux comme ces oiseaux courageux évoqués dans la plus belle chanson de ce premier album. Une voix claire qui se plante dans votre coeur et vous le retourne à coup de mots toujours justes. Morrissey figé dans la glace.
Sur scène, aujourd'hui, la "Fossette" a gardé toute sa grâvité. L'ambiance est lourde et glaciale. Le vieux Casio tout pourri a été avantageusement remplaçé par un magnifique Steinway. Les guitares sont beaucoup moins chétives. Comme Morrissey, encore, Dominique A s'est épaissi. Mais rien n'y fait. Même débarrassé de ses béquilles, et de ses défauts criants, "La Fossette" reste, pour moi, ce disque antipathique dans lequel je n'arriverai jamais à entrer. Je ne suis pas de ces oiseaux là...

Après une courte pause, Dominique revient sur scène "en formation lourde" pour interpréter l'intégralité de son nouvel album. De bout en bout, ce concert est un miracle. D'équilibre d'abord : entre l'électricité féroce des guitares et la délicatesse du quintet d'instruments à vent. Miracle de jouvence ensuite. Si la démarche de reproduire le même soir deux disques que deux décénies séparent révèle le chemin parcouru; elle souligne surtout la façon dont l'artiste a su rester intact et fort.
La scénographie est splendide. Le travail sur les lumières est remarquable et Dominique A trouve toujours le bon ton (souvent drôle) pour introduire des chansons aux thèmes souvent accablants de vérités cruelles.
Et lorsqu'en rappel, l'artiste interprête "Le Sens", les émotions d'une semaine d'intimité et de confidences vous prennent à la gorge... Le grand Brel chantait "Voir un ami pleurer", une chanson qui est souvent revenue me hanter à Los Alcazares... Dominique A est sans doute un des rares artistes actuels à pouvoir lui donner le change.
Un grand concert dont vous pouvez apprécier quelques morceaux choisis ici :

http://www.youtube.com/playlist?list=PL0F175B617AA1B8CA


Pour perpétuer en beauté le souvenir de cette semaine espagnole, je me suis évidemment rué sur le nouvel album de The Gossip, découvert sur la scène du festival S.O.S. 4.8 à Murcia, la semaine dernière.
"A Joyful Noise" est bel et bien le rouleau compresseur pop pressenti. Produit par Brian Higgins ( fondateur du collectif pop Xenomania qui a, entre autre, travaillé avec les Pet Shop Boys pour l'album Yes) le disque est la prolongation naturelle des directions abordées sur le précédent opus "Music for Men". Efficace et disco, la production est un écrin parfait pour la voix de velours enragé de Beth Ditto. Certains titres (l'ultra catchy 'Move in the Right Direction) ne dépareilleraient pas sur un greatest hits de Kylie Minogue. L'album que Madonna a loupé en beauté... Celui qu'on ose même plus espérer de Garbage... Un disque addictif qui devrait squatter le sommet des charts pendant des lustres.


vendredi 11 mai 2012

Semana Tendenciosa [30.04 au 06.05.12]

Et soudain, en pleine chaleur, quatre lettres de néon gigantesques s'embrasent... J'attends  ce moment depuis près de 20 ans... Depuis le jour où je découvrais, dans une salle toute modeste de Bruxelles (le Vk, pour ne pas la nommer) le groupe pop le plus flamboyant de son époque.
Ceux qui ont vu Pulp sur scène au sommet de sa gloire (au mileu des années 90) savent que le titre de champions toutes catégories de la "Britpop" (ce courant musical né sur les cendres du madchester sound) n'a jamais appartenu à Blur ou Oasis. Haut la main, Jarvis Cocker a raflé toutes les médailles : bête de scène, brillant songwriter et trublion à l'activisme mémorable (sa "prestation" ridiculisant Michael Jackson aux MTV Music Awards est restée dans beaucoup de mémoires comme le symbole de la lutte contre la médiocrité artistique...)
Mais 20 ans plus tard...la superbe serait-elle toujours au rendez-vous ?
 A 49 ans, le moins qu'on puisse dire est que Jarvis Cocker n'a rien perdu de sa démence maligne. La silhouette est intacte (comme on l'envie !). Ce Claude Rich habité par Ziggy Stardust donne toujours aussi énergiquement le change. Dès le premier titre (un "Do you remember the First time ?" judicieusement choisi) le ton est donné : le show est millimetré. Aucune erreur de parcours à déplorer. Aucune nouvelle chanson non plus. Le choix du répertoire fait la part belle aux années de gloire (de "Razzmatazz" au crépusculaire "We Love Life"). Moments d'hystérie collective sur "Disco 2000" et bien sûr l'incontournable "Common People" cet hymne à tous les perdants magnifiques en laquelle il est bon de voir qu'on est loin d'être les seuls à se reconnaître.
Le concert atteint son paroxysme sur un "This is Hardcore" haut de gamme dont voici un extrait :

pulp - this is hardcore - SOS 4.8 festival in Murcia (4th May 2012)

Sur la grande scène du S.O.S. 4.8 festival à Murcia, en ce 4 May 2012; Pulp a démontré qu'il avait encore tout son potentiel sulfureux et que la pop à papa n'a qu'à bien se tenir. Je suis heureux d'avoir assisté à ce moment.

Mais il serait vraiment injuste de faire de l'ombre aux véritables têtes d'affiches de ce soir. J'ai nommé : The Gossip qui présentait les titres de son nouvel album sur scène.

Et croyez-moi, cet album, ça va être de la bombe ! Le son est résolument disco et les nouvelles chansons, ultra-catchy sont toutes des hits en puissance. "A Joyful Noise" porte bien son nom et Beth Ditto n'a pas besoin d'en faire des tonnes pour prouver qu'elle est une bête de scène.  Sans éclipser la prestation de Pulp (c'est d'ailleurs un peu embarrassée et révérencieuse que la chanteuse s'excuse d'avoir pris la pole position); Gossip assure la relève, haut la main.

Ces deux concerts "haut de gamme" restent incontestablement l’évènement musical marquant de ma Semaine Tendancieuse espagnole.  Et puis, un festival sans pluie, ça n'a pas de prix...foi de Belge blasé...


mercredi 2 mai 2012

Semaine Tendancieuse du 23 au 29.04.12

Avant de passer à l'heure espagnole, je m'en voudrais de ne pas partager avec vous cette soirée mémorable que fut le concert d'Hooverphonic, à la salle Reine Elizabeth d'Anvers, samedi dernier.
Accompagné d'un orchestre de 42 musiciens, la formation la plus glorieuse du royaume a livré un spectacle généreux, cohérent et d'une classe inouïe.
Entouré des deux membres fondateurs du groupe (le monolithique Alex Callier à la basse et le plutôt groovy et décontracté Raymond Geerts, à la guitare), la petite nouvelle, Noemie Wolfs donne le change et rempli très sobrement le cahier des charges. Après tout, comme chez Morcheeba (leurs cousins anglais), la véritable star du groupe est son répertoire, pas sa chanteuse. Et depuis "A New Stereophonic Sound Spectacular" (paru en 1997), ce répertoire n'a de cesse de s'enrichir de classiques auxquels cette série de concerts "symphoniques" vient rendre hommage de fort belle manière.
Si l'album qui annonce l'actuelle tournée souffre de l'absence assez paradoxale du souffle électronique qui caractérise la musique du groupe; sur scène, la démarche prend évidemment un tout autre sens.
Ce concert, c'est un pur fantasme pour tout amoureux de pop orchestrale, nourri aux guitares twang d'Henri Mancini et aux pluies de cordes et de cuivres estampillées Bacharach & David.
Face au mur du son qui fait directement référence au spectre de Spector; on est soufflé et conquis. Surpris de redécouvrir certains morceaux qu'on croyait anecdotiques ("Renaissance Affair") ou dont on ne soupçonnait pas la profondeur ("Expedition Impossible", "Vinegar & Salt")
Dès l'ouverture, on se sent embarqué sur un paquebot rutilant. Ici, foi de Raymond Geerts, la croisère est bel et bien là pour s'amuser (avec ou sans quartier de citron dans le goulot de sa Coronna ;) Hooverphonic défie les icebergs et, au sortir du spectacle, on a la certitude d'êtres arrivé à bon port.

Pour Rufus Wainwright, en revanche, la coque du navire semble toujours menaçée par les mêmes créatures démoniaques : l'exubérance ou le pompiérisme. Et ce n'est certes pas Mark Ronson qui calmera les ardeurs du feu follet australien. Les 12 chansons qui composent "Out of the Game" constituent la preuve par l'exemple que les extrêmes s'annulent, non sans faire de jolies étincelles. Plus que jamais "sur le fil", oscillant entre bonnes manières et mauvais goût (ou l'inverse); Rufus Wainwright ne convainc jamais pleinement en même temps qu'il ne parvient pas à nous décevoir. Le talent est là : indéniable, colossal...mais personne à ce jour n'est encore parvenu à le canaliser. Bien sûr, ce disque est au dessus de la mêlée, mais il lui manque toutefois ce soupçon de modestie qui le rendrait vraiment attachant.
Ceux qui aspirent à un peu moins d'emphase, se réfugieront dans les ambiances un peu kraut ou coldwave de "Tristesse Contemporaine", rejetons légitimes de Notwist ou Clinic; petits frère de Metronomy. Un premier disque homogène, qui va à l'essentiel.


Sur ce, mon avion décolle dans quelques heures...pour rien au monde je ne voudrais louper le réveil... Los Alcazares, here I come !