La vie est une compil. Chaque jour est une playlist. L'amour est un remix...

dimanche 1 août 2010

Arcade Fire - The Suburbs

Disons-le tout de suite : je me suis fait avoir comme un bleu... En téléchargeant un fichier torrent quelconque, la semaine dernière, je suis tombé sur un fake (un faux fichier mis en ligne par un petit plaisantin et destiné à pourrir la vie des pauvres fan à la merci d'une exclusivité... gageons par ailleurs que le dit plaisantin est très probablement un membre de la maison de disque voire du groupe lui-même...)
Les plus attentifs d'entre vous auront sans doute remarqué qu'une chronique avait donc été retirée du présent blog.
La raison est que le disque initialement chroniqué ne contenait en fait que 4 titres du véritable nouvel album. Tout le reste émanant d'un groupe inconnu ("Wildlife") visiblement très fan d'Arcade Fire et de U2.
Comment suis-je tombé dans le panneau ? Ne dit-on pas que l'amour rend aveugle ?
Mais bon, maintenant que le mea culpa est fait; le plus difficile est de lever le discrédit qui plane désormais sur mes talents de chroniqueur...

Terrains vagues en guise de champs de batailles; fratries déchirées; guerres de bandes rivales; amour impossible entre membres de clans opposés... "The Suburbs" est bel et bien ce West Side Story, couleur bitume, des années 2010. Loin, très loin de l'éclat technicolor des comédies musicales hollywoodiennes.
La dramaturgie de cet album fleuve (16 titres) repose sur l'ébauche d'un roman d'adolescence entrepris par Win Butler, chanteur d'Arcade Fire. Une histoire de guerre entre deux villes : dantesque et candide comme  nombre de premiers jets.

Depuis "Funeral"(2005) et "Neon Bible"(2007) on sait que Butler a bien fait de renoncer à ses ambitions de romancier. Lui et les siens ont en effet réinventé le rock épique (genre boursoufflé par des groupes tels que Muse) en lui redonnant ce tout petit supplément d'âme indispensable et salvateur. On comprend pourquoi U2 a exigé qu'Arcade Fire assure la première partie des concerts d'une de leur précédentes tournées. La filiation est évidente...quoique subtile.
Sur "Neon Bible", toutefois, on sentait poindre les démons du pompiérisme. Les orgues du single "Intervention"  allaient-ils revenir écraser la musique d'Arcade Fire sous des tonnes de grandiloquence ?
3 ans de silence savamment comblés par Coldplay (en son temps, Simple Minds avait échoué)...
...et le soulagement est de mise à l'écoute de The Suburbs. Disque plus rock et moins incandescent que ces prédécesseurs. De franche incursions dans la pop façon années 80 ("Half Light") donnent à ce disque des reliefs inédits. Le collectif canadien murit; abandonne ses tics et nous revient au plus près de l'os avec un disque qui, tout comme ses prédécesseurs, est appelé à devenir un de mes albums de chevet.