Quoi de plus idéal pour faire passer l'amertume de la rentrée, que la perspective d'un nouvel album des Pet Shop Boys...
"Elysium" est le onzième album de l'increvable duo britannique.
Partagé entre "démon de midi" (cette tendance à vouloir à nouveau goûter aux plaisirs de jouvence) et "démons de minuit" (référence un peu plus embarrassante à ce que la musique des années 80 a de plus abject); "Elysium" se révèle assez déconcertant à la première écoute.
Increvables mais pas immortels, Neil Tennant et Chris Lowe livrent un opus en forme de retour aux sources (citant l'album "Please" en de nombreuses reprises) dont le thème principal et inquiétant est la disparition (magnifiquement évoqué sur "Invisible", le premier titre qui s'est répandu sur le net).
Le plus déroutant, lorsqu'on découvre cet album, c'est de découvrir à quel point la démarche des deux hommes à changé. Eux qui, jusqu'à présent, se sont toujours employé à modifier leur angle d'approche à chaque nouveau projet; semblent cette fois s'être résignés à faire marche arrière. "A Face Like That"et ses relents de "Love Comes Quickly"; "Memory of the Future" qui ressemble à une face b des premiers jours (chez les Pet Shop Boys, ce n'est pas une insulte)
Il semble bel et bien que la clef de compréhension de cet album réside dans le titre "Your Early Stuff" ("You've been around but you don't look too rough/And I still quite like some of your early stuff/
It's bad in a good way if you know what I mean/The sound of those old machines")
Et on se contenterait volontiers de cette relecture , non dénuée d'intelligence et de cynisme; de ces hauts faits d'armes qui ont fait la gloire du duo.
Pourtant, il est des titres beaucoup moins défendables dont on savait certes le duo capable (Ce "Go West" de triste mémoire...) mais qu'on pensait définitivement remisés au rang d'erreur de jeunisme.
Que dire à l'écoute de "Winner", premier single, à l'opportunisme olympique mais qui devra se contenter d'une médaille de plomb dans les charts (ça, c'est une insulte !) Que dire de "Hold On" et ses relents de mauvaise comédie musicale. Que dire de "Give it a Go" et son faux accordéon pathétique???
En 1990, à l'occasion de la sortie de l'instant-classic "Behaviour", Neil Tennant fustigeait injustement le songwriting de Paddy McAloon, leader de Prefab Sprout. Si ce brave Paddy est rancunier, on lui proposerait bien de donner son avis sur ces trois titres d'une vacuité sans appel.
Reste qu' "Elysium" n'est pas dépourvu de sommets. Comme ce "Everything Means Something" de très haute facture. Aérien à souhait.
La production d'Andrew Dawson (Kanye West, Fun, Beyonçé, Kid Cudi) s'avère discrète et totalement révérencieuse. Là où on aurait pu s'attendre à un virage hip-hop, on se retrouve en présence d'un répertoire somme toute assez classique. Comparé à "Yes" ou "Fundamental", ce nouvel album a parfois des allures de démo...mais, au final, c'est ce qui fait son charme. Un charme crépusculaire qui dès les premières notes de "Leaving" le rend attachant.
Bien que le duo a déjà démenti certaines rumeurs, "Elysium" a tout du chant du cygne d'un des groupes pop les plus passionnant de son époque
Il serait dommage de passer à côté de ce disque...
Après deux mois de vacances, le "Club des Tendancieux" reprend sa cadence hedbomadaire
"Tendances 2012 version 6.5" paraîtra le 01.09.12
La vie est une compil. Chaque jour est une playlist. L'amour est un remix...
mercredi 29 août 2012
dimanche 17 juin 2012
Les Semaines Tendancieuses( à la bourre...) le bilan...
Évoqué dans le précédent post, le présent blog a été quelque peu délaissé en raison de la préparation du concert de Randy Washmatic aux Francofolies de Spa.
Néanmoins, le moment me semble idéal pour établir un premier bilan des albums marquants de ce premier semestre 2012.
Alors voilà : ils sont beaux, ils flamboient, ils émeuvent ou électrisent. Ils transportent. Ils intriguent. Ils passionnent. Ils sont sexy. Ils sont bons. Ils sont trente. Les voici, dans l'ordre de mes préférences...
1°/Dan San - Domino
2°/Dominique A - Vers les Lueurs
3°/Theesatisfaction - awEnaturalE
4°/The Chromatics - Kill for Love
5°/Gossip - A Joyful Noise
6°/Captain Kid - 67 Songs
7°/Electric Guest - Mondo
8°/Patrick Watson - Adventures in your own Backyard
9°/Rover
10°/WhoMadeWho - Brighter
11°/Alabama Shakes - Boys & Girls
12°/Chairlift - Something
13°/Poliça - Give you the Ghost
14°/Bobby Womack - The Bravest Man in the Universe
15°/Sarah Ferri - Tales
16°/Revolver - Let Go
17°/Totally Enormous Extinct Dinosaurs - Trouble
18°/Benjamin Schoos - China Man vs China Girl
19°/Tindersticks - The Something Rain
20°/Beach House - Bloom
21°/Barbara Carlotti - L'Amour, l'Argent, le Vent
22°/Michael Kiwanuka - Home Again
23°/Saint Etienne - Words and Music
24°/dEUS - Following Sea
25°/Quantic & Alice Russell - Look around the Corner
26°/Paul Buchanan - Mid Air
27°/Tristesse Contemporaine
28°/Rufus Wainwright - Out of the Game
29°/Maverick Sabre - Lonely are the Brave
30°/Philippe Uminski - Mon Premier Amour
Néanmoins, le moment me semble idéal pour établir un premier bilan des albums marquants de ce premier semestre 2012.
Alors voilà : ils sont beaux, ils flamboient, ils émeuvent ou électrisent. Ils transportent. Ils intriguent. Ils passionnent. Ils sont sexy. Ils sont bons. Ils sont trente. Les voici, dans l'ordre de mes préférences...
1°/Dan San - Domino
2°/Dominique A - Vers les Lueurs
3°/Theesatisfaction - awEnaturalE
4°/The Chromatics - Kill for Love
5°/Gossip - A Joyful Noise
6°/Captain Kid - 67 Songs
7°/Electric Guest - Mondo
8°/Patrick Watson - Adventures in your own Backyard
9°/Rover
10°/WhoMadeWho - Brighter
11°/Alabama Shakes - Boys & Girls
12°/Chairlift - Something
13°/Poliça - Give you the Ghost
14°/Bobby Womack - The Bravest Man in the Universe
15°/Sarah Ferri - Tales
16°/Revolver - Let Go
17°/Totally Enormous Extinct Dinosaurs - Trouble
18°/Benjamin Schoos - China Man vs China Girl
19°/Tindersticks - The Something Rain
20°/Beach House - Bloom
21°/Barbara Carlotti - L'Amour, l'Argent, le Vent
22°/Michael Kiwanuka - Home Again
23°/Saint Etienne - Words and Music
24°/dEUS - Following Sea
25°/Quantic & Alice Russell - Look around the Corner
26°/Paul Buchanan - Mid Air
27°/Tristesse Contemporaine
28°/Rufus Wainwright - Out of the Game
29°/Maverick Sabre - Lonely are the Brave
30°/Philippe Uminski - Mon Premier Amour
dimanche 10 juin 2012
Tendances 2012 version 6.4
Les préparatifs du concert des Francos m'obligent à mettre provisoirement ce blog en veilleuse...mais pour rien au monde je ne manquerais à mon principal devoir de vous abreuver de bonnes choses... Rassurez-vous donc : cet été, vous n'allez pas mourir de soif. L'édition estivale "Tendances" sera bien évidemment au rendez-vous. Le 29 juin, précisément.
Un oasis de délectation dans un été que je vous souhaite torride. 63 titres gorgés de fraîcheur et de langueur.
Bonnes vacances à tous !
dimanche 20 mai 2012
Semaine Tendancieuse (et Botanique) du 14 au 20.05.12
A défaut d'être relayées par la météo, cette année, les Nuits Botaniques marquent toujours le réchauffement de la vie musicale à Bruxelles.
Premier festival de l'année, l'édition 2012 semble avoir été moins courue que les précédentes...mais ce genre de statistiques, il faudrait vraiment songer à les mettre au placard si on veut enfin que le capitalisme fasse ses valises comme Sarko et Carlita ;)
Côté qualité, en revanche, l'affiche tient toujours la dragée haute et il est toujours aussi difficile de faire un choix.
Cette année, mon radar s'est orienté sur un immense coup de coeur (l'album de Dominique A, dont le concert de vendredi a déjà été chroniqué dans ces colonnes), et une découverte tout aussi immense (c'est rien de le dire) en la personne de Rover aka Timothée Regnier (qui n'a voir avec son illustre homonyme belge que le nom; tant on a bien du mal à imaginer ce colosse à la voix d'argile se glisser dans les costumes à paillette de Cloclo...).
Rover était à l'Orangerie ce vendredi 18 Mai. Il partageait l'affiche avec les estoniens de Ewert & the Two Dragons et les excellents Revolver. D'emblée, on ne comprend pas bien pourquoi c'est Rover qui ouvre... Son set puissant et maîtrisé méritait vraiment mieux qu'une vedette américaine. Impression d'injustice qu' Ewert et ses Dragons (dont on attend encore toujours les flammes...) confirmeront lors d'un concert sans grand relief...il semble bien que leur chouette single "In the End there's only love" constitue leur seul atout dans un jeu plutôt faiblard. Certes, Rover ne méritait peut-être pas la tête d'affiche (il faut dire que Revolver ont vraiment été intouchables ce soir) mais, au vu de son impressionante prestation qui confirme tout le bien qu'on pensait de l'homme à l'écoute de son premier album, on se dit qu'il mérite mieux qu'une voie de garage (hi hi hi...Rover...au garage...c'est golri, non ?...bon je sors...) Drôle et touchant, Rover a livré un set dense et concentré qui s'est terminé en beauté par un de mes singles fétiches de l'année, le bouleversant et entrainant 'Tonight" dont voici la prestation live filmée ce soir là :
http://www.youtube.com/watch?v=KK_s3YX1w24
Revolver, ont également confirmé leur statut d'amoureux transis d'un certain classicisme pop et on fait preuve d'une énergie que je ne leur soupçonnait pas (Les Pony Pony Run Run ont des leçons à prendre...). Les chansons de leur excellent second album "Let Go", ont été judicieusement boostées pour la scène et résistent magnifiquement au traitement.
Un aperçu ici :
http://www.youtube.com/watch?v=UDdAr2S3apc&feature=relmfu
Je m'en voudrais d'oublier d'évoquer les excellents concerts de Mina Tindle et Great Mountain Fire, lundi dernier au Museum du Bota. De toutes les salles accueillant des artistes durant le festival, celle-ci est incontestablement la plus magique (je me souviens d'y avoir découvert Benjamin Biolay, il y bientôt dix ans...) Mina Tindle, jeune chanteuse française, évoquant souvent Feist ou Keren Ann; fut une découverte ravissante. Débranchés et débraillés, au beau milieu du salon du Museum, les belges de Great Mountain Fire se redécouvrent et offrent à leur pop-rock de bad boys des alures bucoliques inédites et surprenantes. Mais qu'on ne se méprenne pas; même en versions acoustiques, ces chansons savent aussi nous donner des fourmis dans les jambes. Vivement l'album retraçant l'épopée "unplugged" du groupe qui devrait voir le jour en vinyle, sous peu...
Et pour terminer la semaine en beauté, par un disque cette fois, signalons la sortie, ce dimanche, au format digital du nouvel opus d'un des groupes les plus discrètement essentiels de la pop anglaise : "Words & Music by Saint Etienne" marque le retour de Sarah Cracknell, Bob Stanley & Bill Wiggs aux affaires...et de fort belle manière.
L'album est un véritable florilège. La plupart des titres sont des "instant-classics" qui, malheureusement, sont condamnés à rester cloitrés dans l'anonymat le plus injuste; à l'ombre de Madonna (qui ne sait sans doute plus ce qu'écrire une chanson signifie aujourd'hui...) ou de n'importe quelle groupe de R'n'B(ite molle). Ruez-vous sur ce disque...si vous avez besoin d'un plan pour le trouver, fiez-vous à sa pochette... "Penny Lane" a de beaux restes...surtout lorsqu'elle met du noir pour sortir le soir...et de rappeler qu'avec les Pet Shop Boys, Saint Etienne est le seul groupe capable de donner une véritable classe à l' "eurodance" ce genre batard et vulgaire qui fait la joie des macumbas de provinces et du rayon poissonnerie de nombreux supermarchés, durant les soldes...
Premier festival de l'année, l'édition 2012 semble avoir été moins courue que les précédentes...mais ce genre de statistiques, il faudrait vraiment songer à les mettre au placard si on veut enfin que le capitalisme fasse ses valises comme Sarko et Carlita ;)
Côté qualité, en revanche, l'affiche tient toujours la dragée haute et il est toujours aussi difficile de faire un choix.
Cette année, mon radar s'est orienté sur un immense coup de coeur (l'album de Dominique A, dont le concert de vendredi a déjà été chroniqué dans ces colonnes), et une découverte tout aussi immense (c'est rien de le dire) en la personne de Rover aka Timothée Regnier (qui n'a voir avec son illustre homonyme belge que le nom; tant on a bien du mal à imaginer ce colosse à la voix d'argile se glisser dans les costumes à paillette de Cloclo...).
Rover était à l'Orangerie ce vendredi 18 Mai. Il partageait l'affiche avec les estoniens de Ewert & the Two Dragons et les excellents Revolver. D'emblée, on ne comprend pas bien pourquoi c'est Rover qui ouvre... Son set puissant et maîtrisé méritait vraiment mieux qu'une vedette américaine. Impression d'injustice qu' Ewert et ses Dragons (dont on attend encore toujours les flammes...) confirmeront lors d'un concert sans grand relief...il semble bien que leur chouette single "In the End there's only love" constitue leur seul atout dans un jeu plutôt faiblard. Certes, Rover ne méritait peut-être pas la tête d'affiche (il faut dire que Revolver ont vraiment été intouchables ce soir) mais, au vu de son impressionante prestation qui confirme tout le bien qu'on pensait de l'homme à l'écoute de son premier album, on se dit qu'il mérite mieux qu'une voie de garage (hi hi hi...Rover...au garage...c'est golri, non ?...bon je sors...) Drôle et touchant, Rover a livré un set dense et concentré qui s'est terminé en beauté par un de mes singles fétiches de l'année, le bouleversant et entrainant 'Tonight" dont voici la prestation live filmée ce soir là :
http://www.youtube.com/watch?v=KK_s3YX1w24
Revolver, ont également confirmé leur statut d'amoureux transis d'un certain classicisme pop et on fait preuve d'une énergie que je ne leur soupçonnait pas (Les Pony Pony Run Run ont des leçons à prendre...). Les chansons de leur excellent second album "Let Go", ont été judicieusement boostées pour la scène et résistent magnifiquement au traitement.
Un aperçu ici :
http://www.youtube.com/watch?v=UDdAr2S3apc&feature=relmfu
Je m'en voudrais d'oublier d'évoquer les excellents concerts de Mina Tindle et Great Mountain Fire, lundi dernier au Museum du Bota. De toutes les salles accueillant des artistes durant le festival, celle-ci est incontestablement la plus magique (je me souviens d'y avoir découvert Benjamin Biolay, il y bientôt dix ans...) Mina Tindle, jeune chanteuse française, évoquant souvent Feist ou Keren Ann; fut une découverte ravissante. Débranchés et débraillés, au beau milieu du salon du Museum, les belges de Great Mountain Fire se redécouvrent et offrent à leur pop-rock de bad boys des alures bucoliques inédites et surprenantes. Mais qu'on ne se méprenne pas; même en versions acoustiques, ces chansons savent aussi nous donner des fourmis dans les jambes. Vivement l'album retraçant l'épopée "unplugged" du groupe qui devrait voir le jour en vinyle, sous peu...
Et pour terminer la semaine en beauté, par un disque cette fois, signalons la sortie, ce dimanche, au format digital du nouvel opus d'un des groupes les plus discrètement essentiels de la pop anglaise : "Words & Music by Saint Etienne" marque le retour de Sarah Cracknell, Bob Stanley & Bill Wiggs aux affaires...et de fort belle manière.
L'album est un véritable florilège. La plupart des titres sont des "instant-classics" qui, malheureusement, sont condamnés à rester cloitrés dans l'anonymat le plus injuste; à l'ombre de Madonna (qui ne sait sans doute plus ce qu'écrire une chanson signifie aujourd'hui...) ou de n'importe quelle groupe de R'n'B(ite molle). Ruez-vous sur ce disque...si vous avez besoin d'un plan pour le trouver, fiez-vous à sa pochette... "Penny Lane" a de beaux restes...surtout lorsqu'elle met du noir pour sortir le soir...et de rappeler qu'avec les Pet Shop Boys, Saint Etienne est le seul groupe capable de donner une véritable classe à l' "eurodance" ce genre batard et vulgaire qui fait la joie des macumbas de provinces et du rayon poissonnerie de nombreux supermarchés, durant les soldes...
dimanche 13 mai 2012
Semana Tendenciosa (08 au 13/05/2012)
C'est encore imprégné des ambiances andalouses que je suis revenu sous les lumières froides de Bruxelles. La peau toujours chaude. Un peu groggy, saoulé par les lueurs et l'azur. "Vers les Lueurs", c'est justement le titre du dernier et magnifique album de Dominique A. Seule véritable marque du printemps dans cette saison qui n'a jamais été aussi paresseuse que cette année... Et justement, le chanteur était de passage dans le cadre des Nuits Botaniques, vendredi dernier. Je ne pouvais évidemment pas manquer la venue de l'homme qui a réinventé la chanson française, il y a vingt ans déjà.
Tant d'années caractérisées par une intégrité sans faille, une exigence incorruptible et une singularité sans compromis. Pour célébrer le vingtième anniversaire de son premier album, Dominique A choisi de le rejouer dans son intégralité sur scène. "La Fossette" n'est pas un de mes disques de chevet. Minimal, mal produit. Trop hermétique pour moi. Mais il a eu le mérite de balafrer la chanson française comme nul autre disque ne l'avait fait auparavant...laissant une cicatrice nécessaire à une genre qui avait fini par faisander (se souvenir du passage ravageur de Dominique aux Victoires de la Musique en 1996)
Il a révélé une voix capable de fendre les cieux comme ces oiseaux courageux évoqués dans la plus belle chanson de ce premier album. Une voix claire qui se plante dans votre coeur et vous le retourne à coup de mots toujours justes. Morrissey figé dans la glace.
Sur scène, aujourd'hui, la "Fossette" a gardé toute sa grâvité. L'ambiance est lourde et glaciale. Le vieux Casio tout pourri a été avantageusement remplaçé par un magnifique Steinway. Les guitares sont beaucoup moins chétives. Comme Morrissey, encore, Dominique A s'est épaissi. Mais rien n'y fait. Même débarrassé de ses béquilles, et de ses défauts criants, "La Fossette" reste, pour moi, ce disque antipathique dans lequel je n'arriverai jamais à entrer. Je ne suis pas de ces oiseaux là...
Après une courte pause, Dominique revient sur scène "en formation lourde" pour interpréter l'intégralité de son nouvel album. De bout en bout, ce concert est un miracle. D'équilibre d'abord : entre l'électricité féroce des guitares et la délicatesse du quintet d'instruments à vent. Miracle de jouvence ensuite. Si la démarche de reproduire le même soir deux disques que deux décénies séparent révèle le chemin parcouru; elle souligne surtout la façon dont l'artiste a su rester intact et fort.
La scénographie est splendide. Le travail sur les lumières est remarquable et Dominique A trouve toujours le bon ton (souvent drôle) pour introduire des chansons aux thèmes souvent accablants de vérités cruelles.
Et lorsqu'en rappel, l'artiste interprête "Le Sens", les émotions d'une semaine d'intimité et de confidences vous prennent à la gorge... Le grand Brel chantait "Voir un ami pleurer", une chanson qui est souvent revenue me hanter à Los Alcazares... Dominique A est sans doute un des rares artistes actuels à pouvoir lui donner le change.
Un grand concert dont vous pouvez apprécier quelques morceaux choisis ici :
http://www.youtube.com/playlist?list=PL0F175B617AA1B8CA
Pour perpétuer en beauté le souvenir de cette semaine espagnole, je me suis évidemment rué sur le nouvel album de The Gossip, découvert sur la scène du festival S.O.S. 4.8 à Murcia, la semaine dernière.
"A Joyful Noise" est bel et bien le rouleau compresseur pop pressenti. Produit par Brian Higgins ( fondateur du collectif pop Xenomania qui a, entre autre, travaillé avec les Pet Shop Boys pour l'album Yes) le disque est la prolongation naturelle des directions abordées sur le précédent opus "Music for Men". Efficace et disco, la production est un écrin parfait pour la voix de velours enragé de Beth Ditto. Certains titres (l'ultra catchy 'Move in the Right Direction) ne dépareilleraient pas sur un greatest hits de Kylie Minogue. L'album que Madonna a loupé en beauté... Celui qu'on ose même plus espérer de Garbage... Un disque addictif qui devrait squatter le sommet des charts pendant des lustres.
vendredi 11 mai 2012
Semana Tendenciosa [30.04 au 06.05.12]
Et soudain, en pleine chaleur, quatre lettres de néon gigantesques s'embrasent... J'attends ce moment depuis près de 20 ans... Depuis le jour où je découvrais, dans une salle toute modeste de Bruxelles (le Vk, pour ne pas la nommer) le groupe pop le plus flamboyant de son époque.
Ceux qui ont vu Pulp sur scène au sommet de sa gloire (au mileu des années 90) savent que le titre de champions toutes catégories de la "Britpop" (ce courant musical né sur les cendres du madchester sound) n'a jamais appartenu à Blur ou Oasis. Haut la main, Jarvis Cocker a raflé toutes les médailles : bête de scène, brillant songwriter et trublion à l'activisme mémorable (sa "prestation" ridiculisant Michael Jackson aux MTV Music Awards est restée dans beaucoup de mémoires comme le symbole de la lutte contre la médiocrité artistique...)
Mais 20 ans plus tard...la superbe serait-elle toujours au rendez-vous ?
A 49 ans, le moins qu'on puisse dire est que Jarvis Cocker n'a rien perdu de sa démence maligne. La silhouette est intacte (comme on l'envie !). Ce Claude Rich habité par Ziggy Stardust donne toujours aussi énergiquement le change. Dès le premier titre (un "Do you remember the First time ?" judicieusement choisi) le ton est donné : le show est millimetré. Aucune erreur de parcours à déplorer. Aucune nouvelle chanson non plus. Le choix du répertoire fait la part belle aux années de gloire (de "Razzmatazz" au crépusculaire "We Love Life"). Moments d'hystérie collective sur "Disco 2000" et bien sûr l'incontournable "Common People" cet hymne à tous les perdants magnifiques en laquelle il est bon de voir qu'on est loin d'être les seuls à se reconnaître.
Le concert atteint son paroxysme sur un "This is Hardcore" haut de gamme dont voici un extrait :
pulp - this is hardcore - SOS 4.8 festival in Murcia (4th May 2012)
Sur la grande scène du S.O.S. 4.8 festival à Murcia, en ce 4 May 2012; Pulp a démontré qu'il avait encore tout son potentiel sulfureux et que la pop à papa n'a qu'à bien se tenir. Je suis heureux d'avoir assisté à ce moment.
Mais il serait vraiment injuste de faire de l'ombre aux véritables têtes d'affiches de ce soir. J'ai nommé : The Gossip qui présentait les titres de son nouvel album sur scène.
Et croyez-moi, cet album, ça va être de la bombe ! Le son est résolument disco et les nouvelles chansons, ultra-catchy sont toutes des hits en puissance. "A Joyful Noise" porte bien son nom et Beth Ditto n'a pas besoin d'en faire des tonnes pour prouver qu'elle est une bête de scène. Sans éclipser la prestation de Pulp (c'est d'ailleurs un peu embarrassée et révérencieuse que la chanteuse s'excuse d'avoir pris la pole position); Gossip assure la relève, haut la main.
Ces deux concerts "haut de gamme" restent incontestablement l’évènement musical marquant de ma Semaine Tendancieuse espagnole. Et puis, un festival sans pluie, ça n'a pas de prix...foi de Belge blasé...
Ceux qui ont vu Pulp sur scène au sommet de sa gloire (au mileu des années 90) savent que le titre de champions toutes catégories de la "Britpop" (ce courant musical né sur les cendres du madchester sound) n'a jamais appartenu à Blur ou Oasis. Haut la main, Jarvis Cocker a raflé toutes les médailles : bête de scène, brillant songwriter et trublion à l'activisme mémorable (sa "prestation" ridiculisant Michael Jackson aux MTV Music Awards est restée dans beaucoup de mémoires comme le symbole de la lutte contre la médiocrité artistique...)
Mais 20 ans plus tard...la superbe serait-elle toujours au rendez-vous ?
A 49 ans, le moins qu'on puisse dire est que Jarvis Cocker n'a rien perdu de sa démence maligne. La silhouette est intacte (comme on l'envie !). Ce Claude Rich habité par Ziggy Stardust donne toujours aussi énergiquement le change. Dès le premier titre (un "Do you remember the First time ?" judicieusement choisi) le ton est donné : le show est millimetré. Aucune erreur de parcours à déplorer. Aucune nouvelle chanson non plus. Le choix du répertoire fait la part belle aux années de gloire (de "Razzmatazz" au crépusculaire "We Love Life"). Moments d'hystérie collective sur "Disco 2000" et bien sûr l'incontournable "Common People" cet hymne à tous les perdants magnifiques en laquelle il est bon de voir qu'on est loin d'être les seuls à se reconnaître.
Le concert atteint son paroxysme sur un "This is Hardcore" haut de gamme dont voici un extrait :
pulp - this is hardcore - SOS 4.8 festival in Murcia (4th May 2012)
Sur la grande scène du S.O.S. 4.8 festival à Murcia, en ce 4 May 2012; Pulp a démontré qu'il avait encore tout son potentiel sulfureux et que la pop à papa n'a qu'à bien se tenir. Je suis heureux d'avoir assisté à ce moment.
Mais il serait vraiment injuste de faire de l'ombre aux véritables têtes d'affiches de ce soir. J'ai nommé : The Gossip qui présentait les titres de son nouvel album sur scène.
Et croyez-moi, cet album, ça va être de la bombe ! Le son est résolument disco et les nouvelles chansons, ultra-catchy sont toutes des hits en puissance. "A Joyful Noise" porte bien son nom et Beth Ditto n'a pas besoin d'en faire des tonnes pour prouver qu'elle est une bête de scène. Sans éclipser la prestation de Pulp (c'est d'ailleurs un peu embarrassée et révérencieuse que la chanteuse s'excuse d'avoir pris la pole position); Gossip assure la relève, haut la main.
Ces deux concerts "haut de gamme" restent incontestablement l’évènement musical marquant de ma Semaine Tendancieuse espagnole. Et puis, un festival sans pluie, ça n'a pas de prix...foi de Belge blasé...
mercredi 2 mai 2012
Semaine Tendancieuse du 23 au 29.04.12
Avant de passer à l'heure espagnole, je m'en voudrais de ne pas partager avec vous cette soirée mémorable que fut le concert d'Hooverphonic, à la salle Reine Elizabeth d'Anvers, samedi dernier.
Accompagné d'un orchestre de 42 musiciens, la formation la plus glorieuse du royaume a livré un spectacle généreux, cohérent et d'une classe inouïe.
Entouré des deux membres fondateurs du groupe (le monolithique Alex Callier à la basse et le plutôt groovy et décontracté Raymond Geerts, à la guitare), la petite nouvelle, Noemie Wolfs donne le change et rempli très sobrement le cahier des charges. Après tout, comme chez Morcheeba (leurs cousins anglais), la véritable star du groupe est son répertoire, pas sa chanteuse. Et depuis "A New Stereophonic Sound Spectacular" (paru en 1997), ce répertoire n'a de cesse de s'enrichir de classiques auxquels cette série de concerts "symphoniques" vient rendre hommage de fort belle manière.
Si l'album qui annonce l'actuelle tournée souffre de l'absence assez paradoxale du souffle électronique qui caractérise la musique du groupe; sur scène, la démarche prend évidemment un tout autre sens.
Ce concert, c'est un pur fantasme pour tout amoureux de pop orchestrale, nourri aux guitares twang d'Henri Mancini et aux pluies de cordes et de cuivres estampillées Bacharach & David.
Face au mur du son qui fait directement référence au spectre de Spector; on est soufflé et conquis. Surpris de redécouvrir certains morceaux qu'on croyait anecdotiques ("Renaissance Affair") ou dont on ne soupçonnait pas la profondeur ("Expedition Impossible", "Vinegar & Salt")
Dès l'ouverture, on se sent embarqué sur un paquebot rutilant. Ici, foi de Raymond Geerts, la croisère est bel et bien là pour s'amuser (avec ou sans quartier de citron dans le goulot de sa Coronna ;) Hooverphonic défie les icebergs et, au sortir du spectacle, on a la certitude d'êtres arrivé à bon port.
Pour Rufus Wainwright, en revanche, la coque du navire semble toujours menaçée par les mêmes créatures démoniaques : l'exubérance ou le pompiérisme. Et ce n'est certes pas Mark Ronson qui calmera les ardeurs du feu follet australien. Les 12 chansons qui composent "Out of the Game" constituent la preuve par l'exemple que les extrêmes s'annulent, non sans faire de jolies étincelles. Plus que jamais "sur le fil", oscillant entre bonnes manières et mauvais goût (ou l'inverse); Rufus Wainwright ne convainc jamais pleinement en même temps qu'il ne parvient pas à nous décevoir. Le talent est là : indéniable, colossal...mais personne à ce jour n'est encore parvenu à le canaliser. Bien sûr, ce disque est au dessus de la mêlée, mais il lui manque toutefois ce soupçon de modestie qui le rendrait vraiment attachant.
Ceux qui aspirent à un peu moins d'emphase, se réfugieront dans les ambiances un peu kraut ou coldwave de "Tristesse Contemporaine", rejetons légitimes de Notwist ou Clinic; petits frère de Metronomy. Un premier disque homogène, qui va à l'essentiel.
Sur ce, mon avion décolle dans quelques heures...pour rien au monde je ne voudrais louper le réveil... Los Alcazares, here I come !
Accompagné d'un orchestre de 42 musiciens, la formation la plus glorieuse du royaume a livré un spectacle généreux, cohérent et d'une classe inouïe.
Entouré des deux membres fondateurs du groupe (le monolithique Alex Callier à la basse et le plutôt groovy et décontracté Raymond Geerts, à la guitare), la petite nouvelle, Noemie Wolfs donne le change et rempli très sobrement le cahier des charges. Après tout, comme chez Morcheeba (leurs cousins anglais), la véritable star du groupe est son répertoire, pas sa chanteuse. Et depuis "A New Stereophonic Sound Spectacular" (paru en 1997), ce répertoire n'a de cesse de s'enrichir de classiques auxquels cette série de concerts "symphoniques" vient rendre hommage de fort belle manière.
Si l'album qui annonce l'actuelle tournée souffre de l'absence assez paradoxale du souffle électronique qui caractérise la musique du groupe; sur scène, la démarche prend évidemment un tout autre sens.
Ce concert, c'est un pur fantasme pour tout amoureux de pop orchestrale, nourri aux guitares twang d'Henri Mancini et aux pluies de cordes et de cuivres estampillées Bacharach & David.
Face au mur du son qui fait directement référence au spectre de Spector; on est soufflé et conquis. Surpris de redécouvrir certains morceaux qu'on croyait anecdotiques ("Renaissance Affair") ou dont on ne soupçonnait pas la profondeur ("Expedition Impossible", "Vinegar & Salt")
Dès l'ouverture, on se sent embarqué sur un paquebot rutilant. Ici, foi de Raymond Geerts, la croisère est bel et bien là pour s'amuser (avec ou sans quartier de citron dans le goulot de sa Coronna ;) Hooverphonic défie les icebergs et, au sortir du spectacle, on a la certitude d'êtres arrivé à bon port.
Pour Rufus Wainwright, en revanche, la coque du navire semble toujours menaçée par les mêmes créatures démoniaques : l'exubérance ou le pompiérisme. Et ce n'est certes pas Mark Ronson qui calmera les ardeurs du feu follet australien. Les 12 chansons qui composent "Out of the Game" constituent la preuve par l'exemple que les extrêmes s'annulent, non sans faire de jolies étincelles. Plus que jamais "sur le fil", oscillant entre bonnes manières et mauvais goût (ou l'inverse); Rufus Wainwright ne convainc jamais pleinement en même temps qu'il ne parvient pas à nous décevoir. Le talent est là : indéniable, colossal...mais personne à ce jour n'est encore parvenu à le canaliser. Bien sûr, ce disque est au dessus de la mêlée, mais il lui manque toutefois ce soupçon de modestie qui le rendrait vraiment attachant.
Ceux qui aspirent à un peu moins d'emphase, se réfugieront dans les ambiances un peu kraut ou coldwave de "Tristesse Contemporaine", rejetons légitimes de Notwist ou Clinic; petits frère de Metronomy. Un premier disque homogène, qui va à l'essentiel.
Sur ce, mon avion décolle dans quelques heures...pour rien au monde je ne voudrais louper le réveil... Los Alcazares, here I come !
lundi 23 avril 2012
Semaine Tendancieuse du 10 au 22 avril 2012
Les plus observateurs d'entre vous auront remarqué que cette semaine tendancieuse contient plus de sept jours... La flemme des vacances de Pâques sans doute... Pourtant, votre humble serviteur n'a pas chômé.
Pas mal d'albums à se mettre entre les oreilles. Une paire de concerts et les bouchées doubles en prévision des futures aventures de Randy Washmatic.
Ces jours, sort un des albums majeurs de l'année 2012. Sans doute de bien des années à venir tant il est inclassable et intemporel. Patrick Watson révèle son très attendu quatrième effort et renvoi, dos à dos, Andrew Bird et Sufjan Stevens à leurs gammes. "Adventures in your own Backyard" est bien le chef-d'oeuvre imposant et délicat pressenti. Nocturne et radieux, le disque du canadien est un ravissement permanent; une immersion captivante. Un album qui, à l'époque de la musique fast-food, a tout de même ses exigeances : il doit s'écouter dans son entiereté pour révéler sa force tranquille et sa splendeur magistrale. Pas question de le tronçonner sans vergogne. Les amateurs de Brian Wilson, Sparklehorse ou Jeff Buckley devraient s'y sentir bien.
Après Gnarls Barkley, The Black Keys ou Gorillaz, l'omnipotent Dangermouse a jeté son dévolu sur un duo de Los Angeles : "Electric Guest". Auteurs d'un single accrocheur (où on reconnait immédiatement la patte du producteur) intitulé "This head I hold" (suivi d'un e.p. prometteur contenant un petit chef d'oeuvre pop de 8 minutes "Troubleman"); les anges passent au format grand. On craint le pire à l'écoute du titre d'ouverture (un "Hole" incompréhensible qu'on croirait sorti tout droit d'un mauvais album de Hot Chip). Mais dès le second morceau, c'est la mise en orbite. Une pop qui plane très haut. Ce mélange de rythmiques vintage chers à Dangermouse au service d'arrangements audacieux et souvent inattendus. Une bonne surprise.
On évoquait les Black Keys...Alabama Shakes devrait séduire une bonne partie de leur électorat. Blues popifié, rock groovy, soul catchy...Garbage a décidément très mal choisi son timing pour revenir...
Et puisqu'on parle de soul, comment ne pas tomber en pâmoison devant le nouvel opus de Quantic qui, cette fois, s'est adjoint les services de l’impressionnante vocaliste Alice Russel. On sort immanquablement troublé par les accointances vocales de cette dernière avec Dusty Springfield.
Déception is a nine letter word... c'est ainsi qu'on rebaptisera, non sans peine, le nouvel album de Jason Mraz. Son prédécesseur laissait entrevoir la possibilité d'une idylle... C'était plié d'avance : le prochain album allait être le "Thriller" blanc qui mettrait le monde à genoux et réhabiliterait la paix sur terre (après tout de Jason à Jackson, il ne fallait pas grand chose...) Et patatras... à l'exception d'un merveilleux "Be Honest" relegué en fin d'album, on déplore l'absence de l'alchimie qui avait tellement bien fonctionné sur "We Sing.We Dance..." Signe des temps : les charts sont loin d'acceuillir ce disque à bras ouverts...Dommage.
Souvent, la perle rare est à portée de main et on ne la voit pas. Venue de Flandres; Sarah Ferri reprend le flambeau encore tiède laissé par Dany Klein tout en élargissant le spectre d'un genre de moins en moins codifié : le jazz vocal. Les fans de Melody Gardot, d'Hindi Zara et peut-être même ceux d'Antony & the Johnsons devraient se retrouver dans cet univers barilolé et riche. La voix de Sarah Ferri est merveilleuse et se joue des régistres avec une aisance inouie. Frais comme le Printemps.
"je suis la maman d'un mouvement construit sur des falaises de biscuits"...a déclaré Sébastien Tellier au magazine Les Inrocks, à l'occasion de la sortie de son nouvel album concept : "My God is Blue"... Il nous fait toujours autant rigoler l'ami Sébastien avec ses "histoires de coiffeurs" et de "pepitos bleu"... Shaman barré... Sorte de Démis Roussos sous acide, Sebastien Tellier signe un album à sa démesure. Un disque qu'on aurait pourtant tort de railler car il mérite qu'on s'y abandonne... A mille lieues de la délicatesse d'orfèvre de Patrick Watson, on se laisse tout de même emporter par la maestria louffoque du compositeur sur plus d'un titre (de l'ultra efficace "Cochon Ville" à l'imposant "Against the LAw") "My God is Blue" tient bien son rang et est souvent digne du meilleur DAft Punk.
Côté concerts : les sympathique Pony Pony Run Run étaient de passage au Bota la semaine dernière. Malgré la bonne humeur communicative du très charismatique chanteur Gaétan Réchin; on déplore tout de même un concert sans grand relief et sans surprise...
Et, ce Dimanche, au centre culturel "Les Chiroux" de Liège, Benjamin Schoos donnait la première représentation scénique de son album "China Man vs China Girl". J'ai déjà dit tout le bien que je pensais de ce disque...mais je sais à quel point il est périlleux de mettre en scène un album concept. Difficile en effet d'entrainer le public à la fois dans un concert et dans un récit... Je me souviendrai toujours des gens assis derrière moi aux Bozar ; lors de la représentation du "Condamné à Mort" par Etienne Daho et Jeanne Moreau, l'an dernier... Le type n'avait pas compris qu'il n'assistait pas à un concert du répertoire de Daho... Dès le quatrième titre, il commença à faire des réflexions plutôt cocasses du genre : "pff qu'est-ce qu'il est devenu vulgaire...et la vieille là, c'est quand qu'elle se barre..." Véridique et consternant... L'allusion à ce spectacle de Daho n'est pas innocente. Il possède une point commun indéniable avec celui de "China man vs China girl" : la sobriété. En optant pour une mise en scène dépouillée, Benjamin - entouré de deux claviéristes et d'un bouquet de roses - donne vie à son personnage de catcheur fragile, métaphore de la vulnérabilité de l'homme face à la femme. L'incarnation est parfois hésitante mais privilégie l'émotion . La voix de Benjamin est plus touchante, moins intimidante sur scène que sur disque. Là où d'autres auraient tendance à surjouer le personnage; l'homme fait dans la retenue. Passée la tension palpable des 2 titres d'ouverture, l'atmosphère se décontracte suite à une contrepèterie inopinée qui fend d'un sourire le masque du principal intéressé. C'est évidemment involontaire, mais ça fait tout de même son petit effet. Il faut dire qu'avec les olibrius qui assuraient la première partie du spectacle, le public était mis en condition. Le groupe "9 mars" repousse toute les limites du songwriting electro-minimaliste. Ce duo là, c'est un peu les Pet Shop Boys victimes d'un AVC et chantant en français... Mais revenons à Benjamin. Musicalement parlant, les morceaux lents de l'album sont magnifiquement restitués (mention spéciale au claviériste Chris Cerri qui enrichi notablement les atmosphères d'une palette jazz de très bon aloi). Les morceaux plus enlevés souffrent d'une légère rigidité que viendrait peut-être casser l'une ou l'autre guitare (j'aurais bien aimé que Marc Morgan qui était dans la salle, bondisse sur scène sur "Je ne vois que vous"...Mademoiselle Nineteen aussi d'ailleurs...). Si tous ces choix semblent bel et bien assumés; le show aurait tout à gagner en développant un visuel fort. L'imagerie et les codes du catch ainsi que les références cinématographiques évoquées tout au long de l'album pourraient constituer les éléments d'une scénographie complémentaire...
Le concert se termine de manière émouvante, sur un titre écrit par le regretté Marc Moulin. Une ode aux lumières qui s'éteignent...et au regret qu'elles suscitent... Pour sûr, il n'y avait pas de plus belle façon de terminer un concert.
Je n'ai pas regretté d'avoir fait le déplacement. J'ai pu rencontrer Benjamin après son concert. Un chic type. Il a même accepté de me dédicacer son disque...et, plus encore, il est désormais un des rares détenteurs de la démo de Randy Washmatic...pourvu qu'il ne l'oublie pas dans une poche de son costume de scène avant de le porter au pressing...ce serait tout de même une comble ;)
Ne le manquez pas lors de son passage à Bruxelles, le 22 juin prochain.
Pas mal d'albums à se mettre entre les oreilles. Une paire de concerts et les bouchées doubles en prévision des futures aventures de Randy Washmatic.
Ces jours, sort un des albums majeurs de l'année 2012. Sans doute de bien des années à venir tant il est inclassable et intemporel. Patrick Watson révèle son très attendu quatrième effort et renvoi, dos à dos, Andrew Bird et Sufjan Stevens à leurs gammes. "Adventures in your own Backyard" est bien le chef-d'oeuvre imposant et délicat pressenti. Nocturne et radieux, le disque du canadien est un ravissement permanent; une immersion captivante. Un album qui, à l'époque de la musique fast-food, a tout de même ses exigeances : il doit s'écouter dans son entiereté pour révéler sa force tranquille et sa splendeur magistrale. Pas question de le tronçonner sans vergogne. Les amateurs de Brian Wilson, Sparklehorse ou Jeff Buckley devraient s'y sentir bien.
Après Gnarls Barkley, The Black Keys ou Gorillaz, l'omnipotent Dangermouse a jeté son dévolu sur un duo de Los Angeles : "Electric Guest". Auteurs d'un single accrocheur (où on reconnait immédiatement la patte du producteur) intitulé "This head I hold" (suivi d'un e.p. prometteur contenant un petit chef d'oeuvre pop de 8 minutes "Troubleman"); les anges passent au format grand. On craint le pire à l'écoute du titre d'ouverture (un "Hole" incompréhensible qu'on croirait sorti tout droit d'un mauvais album de Hot Chip). Mais dès le second morceau, c'est la mise en orbite. Une pop qui plane très haut. Ce mélange de rythmiques vintage chers à Dangermouse au service d'arrangements audacieux et souvent inattendus. Une bonne surprise.
On évoquait les Black Keys...Alabama Shakes devrait séduire une bonne partie de leur électorat. Blues popifié, rock groovy, soul catchy...Garbage a décidément très mal choisi son timing pour revenir...
Et puisqu'on parle de soul, comment ne pas tomber en pâmoison devant le nouvel opus de Quantic qui, cette fois, s'est adjoint les services de l’impressionnante vocaliste Alice Russel. On sort immanquablement troublé par les accointances vocales de cette dernière avec Dusty Springfield.
Déception is a nine letter word... c'est ainsi qu'on rebaptisera, non sans peine, le nouvel album de Jason Mraz. Son prédécesseur laissait entrevoir la possibilité d'une idylle... C'était plié d'avance : le prochain album allait être le "Thriller" blanc qui mettrait le monde à genoux et réhabiliterait la paix sur terre (après tout de Jason à Jackson, il ne fallait pas grand chose...) Et patatras... à l'exception d'un merveilleux "Be Honest" relegué en fin d'album, on déplore l'absence de l'alchimie qui avait tellement bien fonctionné sur "We Sing.We Dance..." Signe des temps : les charts sont loin d'acceuillir ce disque à bras ouverts...Dommage.
Souvent, la perle rare est à portée de main et on ne la voit pas. Venue de Flandres; Sarah Ferri reprend le flambeau encore tiède laissé par Dany Klein tout en élargissant le spectre d'un genre de moins en moins codifié : le jazz vocal. Les fans de Melody Gardot, d'Hindi Zara et peut-être même ceux d'Antony & the Johnsons devraient se retrouver dans cet univers barilolé et riche. La voix de Sarah Ferri est merveilleuse et se joue des régistres avec une aisance inouie. Frais comme le Printemps.
"je suis la maman d'un mouvement construit sur des falaises de biscuits"...a déclaré Sébastien Tellier au magazine Les Inrocks, à l'occasion de la sortie de son nouvel album concept : "My God is Blue"... Il nous fait toujours autant rigoler l'ami Sébastien avec ses "histoires de coiffeurs" et de "pepitos bleu"... Shaman barré... Sorte de Démis Roussos sous acide, Sebastien Tellier signe un album à sa démesure. Un disque qu'on aurait pourtant tort de railler car il mérite qu'on s'y abandonne... A mille lieues de la délicatesse d'orfèvre de Patrick Watson, on se laisse tout de même emporter par la maestria louffoque du compositeur sur plus d'un titre (de l'ultra efficace "Cochon Ville" à l'imposant "Against the LAw") "My God is Blue" tient bien son rang et est souvent digne du meilleur DAft Punk.
Côté concerts : les sympathique Pony Pony Run Run étaient de passage au Bota la semaine dernière. Malgré la bonne humeur communicative du très charismatique chanteur Gaétan Réchin; on déplore tout de même un concert sans grand relief et sans surprise...
Et, ce Dimanche, au centre culturel "Les Chiroux" de Liège, Benjamin Schoos donnait la première représentation scénique de son album "China Man vs China Girl". J'ai déjà dit tout le bien que je pensais de ce disque...mais je sais à quel point il est périlleux de mettre en scène un album concept. Difficile en effet d'entrainer le public à la fois dans un concert et dans un récit... Je me souviendrai toujours des gens assis derrière moi aux Bozar ; lors de la représentation du "Condamné à Mort" par Etienne Daho et Jeanne Moreau, l'an dernier... Le type n'avait pas compris qu'il n'assistait pas à un concert du répertoire de Daho... Dès le quatrième titre, il commença à faire des réflexions plutôt cocasses du genre : "pff qu'est-ce qu'il est devenu vulgaire...et la vieille là, c'est quand qu'elle se barre..." Véridique et consternant... L'allusion à ce spectacle de Daho n'est pas innocente. Il possède une point commun indéniable avec celui de "China man vs China girl" : la sobriété. En optant pour une mise en scène dépouillée, Benjamin - entouré de deux claviéristes et d'un bouquet de roses - donne vie à son personnage de catcheur fragile, métaphore de la vulnérabilité de l'homme face à la femme. L'incarnation est parfois hésitante mais privilégie l'émotion . La voix de Benjamin est plus touchante, moins intimidante sur scène que sur disque. Là où d'autres auraient tendance à surjouer le personnage; l'homme fait dans la retenue. Passée la tension palpable des 2 titres d'ouverture, l'atmosphère se décontracte suite à une contrepèterie inopinée qui fend d'un sourire le masque du principal intéressé. C'est évidemment involontaire, mais ça fait tout de même son petit effet. Il faut dire qu'avec les olibrius qui assuraient la première partie du spectacle, le public était mis en condition. Le groupe "9 mars" repousse toute les limites du songwriting electro-minimaliste. Ce duo là, c'est un peu les Pet Shop Boys victimes d'un AVC et chantant en français... Mais revenons à Benjamin. Musicalement parlant, les morceaux lents de l'album sont magnifiquement restitués (mention spéciale au claviériste Chris Cerri qui enrichi notablement les atmosphères d'une palette jazz de très bon aloi). Les morceaux plus enlevés souffrent d'une légère rigidité que viendrait peut-être casser l'une ou l'autre guitare (j'aurais bien aimé que Marc Morgan qui était dans la salle, bondisse sur scène sur "Je ne vois que vous"...Mademoiselle Nineteen aussi d'ailleurs...). Si tous ces choix semblent bel et bien assumés; le show aurait tout à gagner en développant un visuel fort. L'imagerie et les codes du catch ainsi que les références cinématographiques évoquées tout au long de l'album pourraient constituer les éléments d'une scénographie complémentaire...
Le concert se termine de manière émouvante, sur un titre écrit par le regretté Marc Moulin. Une ode aux lumières qui s'éteignent...et au regret qu'elles suscitent... Pour sûr, il n'y avait pas de plus belle façon de terminer un concert.
Je n'ai pas regretté d'avoir fait le déplacement. J'ai pu rencontrer Benjamin après son concert. Un chic type. Il a même accepté de me dédicacer son disque...et, plus encore, il est désormais un des rares détenteurs de la démo de Randy Washmatic...pourvu qu'il ne l'oublie pas dans une poche de son costume de scène avant de le porter au pressing...ce serait tout de même une comble ;)
Ne le manquez pas lors de son passage à Bruxelles, le 22 juin prochain.
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