La vie est une compil. Chaque jour est une playlist. L'amour est un remix...

samedi 24 décembre 2011

Concerts 2011

Et pour la première fois, une catégorie "concerts" est présente dans le palmares de fin d'année. Il faut dire que 2011 a été assez riche sur ce plan...

1.Gotye (A.B. 30.10.11)
Incontestablement LE concert de l'année dans ce qui pour moi est LA meilleure salle de concert bruxelloise. Gotye a su investir l'Ancienne Belgique avec un show millimétré. Parfait équilibre entre les hommes et les machines. Une révélation.






2.Keren Ann (Théatre 140 06.12.11)
Ressemblant de plus en plus étrangement à Feist, Keren Ann accentue sur scène, le parfum d'Amérique qui émane de son dernier album. Rempli de purs moments de grâce, son concert est un des moments forts de l'année.






3.Metronomy (V.K. 06.05.11)
Dans cet endroit mythique (c'est là où j'ai découvert Pulp et Suede sur scène) assister au concert d'une valeur montante du rock tombait sous le sens Metronomy a livré un set efficace qui m'a convaincu de reconsidérer le cas de son album précédent.




4.Stromae (A.B. 20.04.11)
Mise en scène "petshopboyesque". Ambiance sans prétention. Les chansons électroniques de Paul Van Haver passent bien l'étape du live et m'ont beaucoup encouragé dans mes propres démarches pour revenir sur scène...






5. Faithless (Tours & Taxi 23.03.11) & New Order (A.B. 17.10.11)
Une légende renait de ses cendres, une autre s'éteint. Deux soirées qu'il ne fallait absolument pas rater...






06.Etienne Daho & Jeanne Moreau "Le Condamné à Mort" (Bozar 18.06.11)
Un spectacle sobre et intransigeant. Très justement mis en musique par Edith Fambuena. Pour sûr, Jean Genet ne se retournera pas dans sa tombe.













07.Viktor Lazlo "My Name is Billie Holiday" (Théatre Le Public 21.12.11)
Injustement laissée pour compte dans le milieu musical, la toujours somptueuse Viktor Lazlo revient sur scène avec une idée tout bonnement géniale : un spectacle totalement dévoué à l'icone Billie Holiday. Une vraie réussite.










08. Bertrand Belin / Florent Marchet (Nuits Botaniques 13.05.11)

Découverte de l'univers captivant de Bertrand Belin à l'occasion des dernières Nuits Botaniques.Possible relève d'un Bashung... Quant à Florent Marchet, son univers décalé, à la fois drôle et féroce, prend vie sur scène et révèle un artiste accompli...qui ferait tout de même bien de raser sa moustache ;)




09.Isabelle Antena - Jazz Marathon - London Calling 28.05.11
Retrouver Isabelle, entourée d'un jazz quartet, sur une scène bruxelloise était pour moi un rêve éveillé. Flute de champagne à la main durant tout le concert, on a pas tous les jours 50 ans...












10.Chapel Club (A.B. Club 01.04.11)
Aperçus furtivement, en première partie des Two Doors Cinema Club, l'an dernier; Chapel Club revenait en tête d'affiche, au printemps dernier. L'occasion pour moi de profiter pleinement des premiers pas d'un groupe sur scène. Il n'y a pas que les valeurs sûres pour vous faire vibrer...

vendredi 23 décembre 2011

Singles 2011 !

Voici mon top 10 des ritournelles les plus addictives de l'année.
Pour une bimbo, 9 joyaux !

1. Lana Del Rey - Videogames
Mutine et faussement fragile...qu'on ne s'y trompe pas :  Lana Del Rey est une "control freak" qui a tout misé sur l'image... Mais, à l'inverse de Lady Gaga, elle semble capable d’interpréter de bonnes chansons. L'évanescent et envoûtant "Videogames" en est une jolie preuve.






2.Adele - Rolling in the Deep
Alliage de rythmes et de choeurs martiaux à une voix puissante et maîtrisée. Le morceau qui tire l'album d'Adele vers le haut.








3.James Blake - Limit to your Love
Intelligente reprise d'un titre de Feist. Relecture radicale, toute en émotion.









4.Jamie Woon - Night Air
Production lêchée. Voix de velours. Le son de 2011.









5.Metronomy - The Look
Sautillant et espiègle à souhait. Cette année, le soleil s'est invité dans la musique de Metronomy. Il était temps !









6.Foster the People - Pumped up Kicks
C'est le single qu'on attendait plus de la part d'MGMT. Rien que pour ça on remercie Foster the People.







007. Gotye (feat.Kimbra) - Somebody that I used to know
Un petit Belge qui se fout de toutes les frontières. Tel est Gotye. Multi-instrumentiste impressionnant; à l'univers complexe...qui prouve qu'il est aussi capable de composer des mélodies simples qui tombent instantanément dans l'oreille.






008.Selah Sue - Crazy Vibes
Révélation farouche de la scène belge, Selah Sue aura marqué 2011 de son empreinte soul et décalée.








009. Brigitte - Battez Vous
Le duo de castagneuses le plus tendances de l'année. Brigitte a des c... et elle n'hésite pas à les sortir du panier !








010.Keren Ann - My Name is Trouble
Un single qui a brouillé bien des pistes et qui démontre que la pop peut toujours compter sur la plume de la franco-néérlandaise pour s'assurer des beaux jours.

Palmares 2011 !!!

Voici donc les 20 albums qui ont le plus comptés pour moi cette année... Partagé entre aventures en hi-fi (tendance électro-magnétique: James Blake, Jamie Woon, Jono McLeery...) et retours aux racines du rock et de la pop (Jonathan Wilson, Joseph Arthur, Miles Kane, The Black Keys...) j'ai traversé 2011 en leur compagnie et j'y ai survécu...


1. James Blake - James Blake
La grâce tordue d'un jeune prodige issu du dubstep et de l'electro la plus radicale. Un disque minéral, sans concession; qui a mis du temps à s'imposer comme l'album de l'année mais qui, au final, révèle sa très grande supériorité sur ses contemporains, souvent trop conformistes






2.The Black Keys - El Camino
L'album le plus pop du duo d'Akron déboule en fin d'année et se hisse instantanément sur une des plus hautes marches du podium. Imparable, efficace, gorgé de "tubes". Sexy comme un "camino" !







3.Metronomy - The English Riviera
Moins binaire que son prédécesseur, "The English Riviera" révèle tout le potentiel du songwriting de Joseph Mount. On avait rien entendu d'aussi savamment dérangé depuis Pulp.







4.Jamie Woon - Mirrorwriting
Avec James Blake et Jono McLeery; Jamie Woon a su redéfinir les codes du songwriting en 2011. "Mirrorwriting" est de loin l'album le plus mainstream du genre. Classique et moderne.







5.Cascadeur - Cascadeur
Disque touchant de maladresse et de beauté, le premier album de ce Daft Punk triste est un ravissement.








6.Alex Beaupain - Pourquoi battait mon coeur
Du "Français dans le texte", il n'en a pas été beaucoup question cette année. Sans esbroufe, Alex Beaupain s'est distingué  avec un disque cohérent et juste. Beau comme du Daho. Froid comme du Dominique A.







7.Friendly Fires - Pala
En équilibre parfait entre power pop tropicale et electro maximale, le nouvel album des anglais de St Alban est une mine d'or. Un disque fait pour danser jusqu'à la crise d’épilepsie...









8.Mogwai - Hardcore will never die but you will
Y-a-t-il une vie après le "post rock" ? Si le genre ne semble plus faire école; un de ses groupes phare revient sur le devant de la scène avec un album dense et abouti. Une aube éternelle. Une ode électrique.







9.Deus - Keep you close
L'étendard de la scène rock belge est revenu cette année. Parcouru par un souffle épique, "Keep you Close" n'évite pas toujours les tics nerveux chers à Deus... mais le disque compte tout de même pas mal de sommets à gravir...ou à dévaler dans l'allégresse...






10.Miles Kane "Colour of the Trap"

Son acoquinement avec Alex Turner (Last Shadow Puppets) a définitivement transformé Miles Kane en orfèvre pop. "Colour of the Trap" est un recueil de titres sexy en diable alternant velours et adrénaline.






11.Joseph Arthur "The Graduation Ceremony"
Retour en grâce après un passage à vide plus ou moins volontaire. Joseph Arthur s'ouvre à nouveau au monde qui l'entoure... On aurait tort de bouder son plaisir.









12.Foster the People - Torches
"Super! Puissant ! Groovy! Cheesy ! Sympa !..." La chanson de Katerine ("100% VIP") semble avoir été écrite pour qualifier le premier album des américains. Si MGMT avait besoin d'une relève, la voilà...






13.The Phoenix Foundation - Buffalo

Et puisqu'on parle de relève, pourquoi ne pas envisager celle de Sparklehorse ou de R.E.M...







14.Keren Ann - 101
Definitivement "tombée pour la France"; Keren Ann incarne désormais l'Americana avec détermination. "101" est son disque le plus accompli à ce jour. Sur scène, ce disque dévoile toute son ampleur et sa puissance évocatrice.






15.Jonathan Wilson - Gentle Spirit

Décidément, le label de Robin Guthrie (Bella Union) révèle chaque année un nouveau talent précieux. L'année dernière, John Grant revenait du Royaume des Damnés. Cette année, c'est Jonathan Wilson, auteur compositeur et producteur à ses heures qui est mis en lumières. Des lumières psychédéliques qui achèvent l'Amérique.




16. SBTRKT - SBTRKT
"Boim Boom Tchak ! " Oui mais avec un peu plus de peau. Telle est la dance de SBTRKT (dites "substrakt") Martiale et organique. Sensuelle et addictive. Kraftwerk avec des poils.







17.Jono McLeery - There is...
Le troisième mousquetaire qui, avec James Blake et Jamie Woon a su déconstruire les standards du songwriting pour assurer la pérennité de la pop. Des trois, il est le plus "folk". Comme les deux autres, il a une voix d'ange...






18.Mia Doi Todd - Cosmic Ocean Ship
Très justement produit par Jonathan Wilson (évoqué plus haut), le dernier opus de Mia Doi Todd est un disque chaud et nu. Un bain de minuit intemporel et vivifiant.







19.Wild Beasts - Smother
Si Anthony & the Johnsons s'essayaient à la pop musique, ça donnerait sûrement ce genre de disque. Faussement précieux. Vraiment délicieux.








20.The Antlers - Burst Apart
Bien des fantômes hantent ce disque... On citera au hasard quelques ectoplasmes fameux : Jeff Buckley, Grant McLennan, Mark Linkous...

conviés à la danse par le talentueux Peter Silberman. Un groupe à suivre...

samedi 13 août 2011

Brigitte - Et vous, tu m'aimes ?

Les "indignés" du monde entier ont désormais leur hymne : "Battez-Vous". Encore heureux que le titre n'ait pas été composé dans la langue de Shakespeare sinon, c'est sûr, David Cameron aurait demandé fissa à son ami Sarko, l'extradition des deux pimbèches qui forment le duo Brigitte, pour incitation à la violence et aux excès de testostérone en tout genre...
Des couilles, c'est sûr, les deux soeurs en ont. Et même si l'une d'entre elles exhibe fièrement sa culotte sur la pochette de leur premier album, l'autre est là qui vous toise et dans son regard, on peut lire : pas touche ! "ou je te dégomme/ tu vas goûter à mes torgnoles[...]si tu me cherches tu me trouves"
Faussement castagneuses, vraiment douées pour l'iconoclastie; les deux filles rejoignent la réjouissante tradition des empecheurs de tourner en rond "made in France" qui, de Boris Vian à Katerine, en passant par Dutronc et Brigitte Fontaine collent des claques nécessaires à la Chanson Française AOC ("Et Claude François"). Ca danse ("Oh La La"); ca racole ("Coeur de Chewing Gum"); évidemment ça rigole mais ça rit souvent jaune et parfois même, ça craque ("Je veux un Enfant", troublant cri qui vient des entrailles...)
Les hommes se font mettre en pièce. Joey Star ? Même pas peur ! Il suffit d'entendre la version de "Ma Benz" pour comprendre que les grosses brutes n'ont pas trop intérêt à la ramener... Sauf au plumard et encore, avec des sentiments, siouplééé. Musicalement, le disque a une jolie croupe et on le trouvera beaucoup plus sexy que le dernier Katerine. Cet été, on passera donc du rire aux larmes; du sofa au dancefloor avec ce duo bien déjanté qui semble faire l'unanimité. Tous dans la rue avec Brigitte !

Heather Nova - 300 days at Sea

Déjà riche de 9 albums, la carrière d' Heather Nova a connu deux coups d'éclats majeurs. Le premier, fut un succès commercial avec le single "Someone New" du groupe Eskobar; auquel elle apportait le concours de sa magnifique voix de sirène des Bermudes. Le second, à l'occasion de la sortie de l'album "Storm" (2003) lui apportait la reconnaissance artistique. Abandonnant un carcan de chansons power-pop vaguement planantes, surtout glaciales et souvent étirées jusqu'à l'ennui; Heather Allison Firth trouvait un ton plus intimiste et chaleureux et se fendait même d'un magnifique duo avec Benjamin Biolay (Let's no talk about love).
Quelque peu retombée dans l'oubli (sauf pour ses fans qui, grâce au système"Pledge Music", ont finançé en partie la production de son nouvel album) la belle Heather sort aujourd'hui "300 days at Sea" (allusion à sa promiscuité avec l'élément marin, quasi indissociable de sa vie; depuis sa naissance...) et le retour est plutôt gagnant. La voix est intacte et son pouvoir envoûtant est toujours aussi efficace. La power-pop évoquée plus haut est aussi de retour...mais, fort heureusement, passée au filtre d'une écriture plus mûre. La production, moins éthérée (ouh là...on frôle le gros jeu de mots qui tache), plus structurée; confère à l'ensemble une belle tenue et on se prend à écouter le disque en boucle. L'album alterne petit tubes électriques en puissance (Stop the Fire) et balades orchestrales majestueuses et classiques (Higher Ground). Heather serait elle enfin devenue "Someone New" ? En tout cas, je ne m'attendais pas à être aussi ravi de la retrouver.

Joseph Arthur - The Graduation Ceremony

Décidément, mon histoire avec Joseph Arthur est faite de rendez-vous manqués... Je suis passé à côté de la révélation...en 1996 avec l'album "Big City Secrets" sorti sur le label de Peter Gabriel. En 2000, j'avais flashé sur une chanson : "In the Sun" qui est une des rares chansons que je fredonne quasi quotidiennement... Ce label, cette chanson ont éclipsé une oeuvre qui, manifestement, vaut le détour... Aujourd'hui, je me prends à regretter d'avoir quitté le Cirque Royal avant le début de son concert lors des dernières Nuits Botaniques... Il faut dire que l'actualité du bonhomme n'est pas vraiment sous les feux de la rampe... Ce dernier ayant tendance à fuir toute forme de lumière..Je ne savais donc pas que monsieur Arthur s'apprêtait à sortir un nouvel album. Et j'étais loin de me douter que ce disque renouait avec une production plus consensuelle qui replaçait enfin le songwriting de l'américain à sa juste valeur.
"The Graduation Ceremony" affiche d'emblée une mine plus radieuse que ses prédécesseurs (le confidentiel "Temporary People" ou l’oppressant et touffu "Nuclear Daydream")
Dès "Out on a Limb", l'oreille est titillée par de jolies cordes qui, en plus d'une écriture toujours aussi juste; procurent l'agréable sensation de se sentir en territoire ami. Une sensation qui était devenue rare chez Joseph Arthur...tenancier d'un univers de plus en plus hermétique...condamné à l'oubli. Ce nouvel album pourrait bien remettre l'artiste sur les rails et le conduire à une reconnaissance amplement méritée et justement relayée. En tout cas, pour moi, s'en est fini des rendez-vous manqués.

Amy Winehouse is a losing game... (1983-2011)

Lorsqu'on effectue une recherche google pour Amy Winehouse, on tombe immanquablement sur une série de photos toutes plus grotesques et sordides les unes que les autres... Des images de déchéance avoisinant le glamour toc de nombreuses remises de prix... Et on se dit : pourquoi tant de haine ?
Comme Jimmy Hendrix, Jim Morrison, Jannis Joplin ou Kurt Cobain, l'artiste s'en est allée à 27 ans, à peine... Certes, son influence sur la musique pop restera mineure en comparaison de ses tristes prédécesseurs. En deux albums (le très anecdotique "Frank" et le multi-platiné "Back to Black") la jeune anglaise n'a pas vraiment révolutionné le monde musical... Mais si "Back to Black" ne sera jamais l'équivalent d'un "Nevermind" il aura eu le mérite de révéler pleinement une interprête absolument magistrale. C'est simple : on avait plus entendu pareille voix depuis...Aretha Franklin !
A la fois suave et écorché, ce timbre, reconnaissable instantanément; était pourtant loin de tout format, de toute formule mise au point pour les bêtes de concours télévisuelles... Amy Winehouse transpirait l'authenticité. Sa musique, un peu corrompue par les tours de passe-passe et grosses ficelles de l'ami Mark Ronson, aurait sans doute gagné à plus de sincérité. Le contraste avec les textes est d'ailleurs souvent flagrant. Qui aurait pu imaginer qu'un titre comme "Rehab" (qui avait tout de même pour refrain "ils ont voulu m'emmener en cure de désintox et j'ai dit non non non") squatte un jour le sommet des charts et soit fredonné en choeur par les ménagères, les banquiers, les filles de terminale et les routiers...
C'est peut-être là tout le drame d'Amy Winehouse : avoir fait de son côté paumé, un lien fédérateur avec le monde entier... Sa débauche a fini par rassurer tous les largués que nous sommes...
Il y a des gens qui, lorsqu'ils touchent le fond, cherchent à tout prix la chanson susceptible de les emmener encore plus bas...Juste pour se dire que, finalement, là où ils sont; c'est pas si mal... Hélas, pour Amy Winehouse, nombre de gens ont délaissé les chansons et se sont repus des images glauques de cette vie en pleine déroute... On écoutera aujourd'hui "Back to Black" comme un testament...et si "Love is a losing game", chère Amy, on se dit qu'un peu d'amour t'aurait, sans doute, sauvé la vie...

vendredi 22 juillet 2011

Randy Washmatic - Poisson Pirate

"Notre histoire, c'est celle de la quadrature du quadra. D'un âge auquel on peut encore, sans ridicule ni gâtisme, empoigner une guitare électrique et pointer le manche vers ses 20 ans." écrivait Stéphane Deschamps des Inrocks; à l'occasion de la sortie du premier album solo de l'ex Diabologum, Michel Cloup...

Si, comme lui, Claude Carpent aka Randy Washmatic, vient de passer le cap des 40e Rugissants; l'ancien chanteur de Nelly Olleson ne se risquera pourtant pas à grater une guitare électrique... Pour cause : il n'a jamais su en jouer !

Qu'à cela ne tienne : pour appaiser les angoisses de sa midlife crisis; il partage néanmoins le même remède : le retour à la musique.
Plus de 10 ans après la petite aventure avortée de Nelly Olleson; l'éternel amoureux de pop francophile revient aux affaires.

Annoncé depuis 8 ans, "Poisson Pirate" faisait figure d'arlésienne pour la poignée d'aficionados de la première heure. Longtemps, ce projet s'apparenta à une belle promesse d'intentions que les actes peinaient à relayer.
Quelques maladies de l'âme, au beau milieu de la trentaine (évoquées, pèle-mêle,  dans le single éclaireur "Trentenaire Héroïque") ont progressivement conduit l'homme à se repositionner par rapport à une certaine forme de routine de plus en plus pesante et insupportable...

La musique comme échappatoire ultime ?

"Poisson Pirate" a effectivement tout l'air de l'album de la dernière chance.
Portrait d'un homme en artisan du doute; c'est avant tout un recueil de textes écrits entre 1998 (crépuscule de Nelly O) et 2011 (à l'aube de la quarantaine, donc)
Chacun de ces textes ayant en commun ce thème de la confiance bafouée (par soi-même, par les autres; au travers des médias, des jeux vidéo, des voyages, du "working 9 to 5", de la religion ...tant d'autres distractions...)

Pirate, cet animal l'est à plus d'un égard... Côté obscur et névrosé du poisson pilote; il est capable d'entraîner dans sa chute ses amis les plus proches...

"L'Extension du Conflit" révèle un changement majeur dans la manière dont l'auteur envisage sa musique aujourd'hui. Ce texte qui s'était déjà fait tailler un costard dans une vie antérieure; témoigne du virage négocié avec bien des partenaires involontaires.
Composé exclusivement sur ordinateur à l'aide du logiciel de M.A.O. "Reason"; la musique de Randy Washmatic (à mille lieue de celle de Nelly Olleson) use et abuse de samples en tout genres piochés dans la discothèque pléthorique de son auteur (pirate...au sens bootleg du terme...). Il serait trop fastidieux de les énumérer tous... Ils participent d'une démarche qui se situe entre celle des frères Dewaele (le côté mash-up de titres comme "Velours d'Ondes") et DJ Shadow (les samples utilisés pour générer des "climax" comme sur l'oppressant et fluvial "Voyageur Lambda" d'introduction). Le tout, sous l'influence revendiquée en toute décomplexion de Stromae (l'homme qui, sans le savoir, servi de déclic)
Souvent aussi, le cinéma s'invite dans cette musique : on y entend, ça et là, le Pacino queer de Cruising, le beau Louis Garrel; un film de série Z... tant de références qui dessinent un univers singulier. Patchwork qui passe ou qui casse.

Randy Washmatic n'est toutefois pas complètement déconnecté de Nelly Olleson. Le sacro-saint format pop des chansons et le rôle prépondérant de la voix sont au cœur des 12 titres qui composent cet album.

Disque à l'avenir incertain qui devrait prendre vie sur scène, à la fin de l'année (en rompant modérément l'exercice solo); "Poisson Pirate" ne demande qu'à vous rencontrer...

Attention : DANGER !

vendredi 10 juin 2011

Friendly Fires - Pala

Qu'il est bon de voir un groupe s'obstiner; creuser la veine...là où tant d'autres ne jurent que par le changement, sans même avoir pris le temps de se bonifier et d'exceller dans leur genre... Le fort honorable second album d'MGMT n'éclipsera jamais l'étincelle spectaculaire du disque qui les révéla...
Ed McFarlane et les siens semblent avoir bien compris qu'on ne change pas une recette qui gagne.
"Pala" reprend l'histoire exactement là où le premier album des Friendly Fires l'avait laissée : dans une débauche de musique pop trans-genre, taillée aussi bien pour les stades que pour les dancefloors. Disque quasiment home-made; "Pala" impressionne par une production bigger than life qui n'a qu'un seul but : vous faire bondir ! Electropicale, la pop bariolée des Friendly Fires a des vertus euphorisantes irrésistibles. Sans doute un des albums qui colle le mieux à son époque tout en lançant des ponts arc-en-ciel à ses aïeuls (le "Strangelove" de Depeche Mode joliment repris sur la version digitale de l'album) L'autre album de l'été...

Brent Cash vs Jim Cole : la battle.

D'un côté, un sacré briscard originaire d'Athens, en Géorgie; batteur de son état et auteur, il y a trois ans d'un des plus merveilleux albums de "sunshine pop" qu'on ait entendu depuis longtemps : "How will I know if I'm awake". C'est vrai qu'à l'écoute du premier opus de Brent Cash, on nageait souvent en pleine confusion des sens : vivions nous un rêve éveillé et permanent en compagnie de Brian Wilson électrifié par Spector et orchestré par André Popp. C'est dire si le successeur d' "How will I know..." était attendu comme le marchand de crème glacée en plein désert... "How strange it seems" arrive, tout en violons nostalgiques et percussions panoramiques. Brent Cash, en tant qu'arrangeur, n'a pas perdu la main... Très vite pourtant, la gène s'installe... Trop alambiqués, certains titres en oublient tout simplement d'être des chansons (où sont passés les "Digging the Faultline"). Pire, on a parfois la très désobligeante impression d'écouter une vieille compil' easy listening de the Fifth Dimension, summum du kitsch pompier... Certains titres se prennent pour des génériques de feuilletons tv ringards des années 60... là où, par le passé, les référence de Brent Cash sonnaient avec classe et panache...on déplore aujourd'hui une nostalgie mal fagotée... En parfait écho au magnifique "This sea, these waves" (point d'orgue de l'album précédent), on sauvera le très beau "Where do all the raindrops go" et on pleurera sur le reste d'un album qu'on aurait tant voulu adorer...

C'est sous nos latitudes qu'on retrouvera, non sans étonnement, ce côté west-coast qui enjolive instantanément les neurones et nous donne envie de sauter de joie partout partout. Jim Cole est belge. Beaucoup plus proche de la mer du nord que du Pacifique, donc... Et pourtant, sa musique - savant mélange de power pop matinée de soul -  va vous faire surfer sur bien des vagues de bonheur. Immédiate et entraînante, la production de "When love's not enough" traverse en tout cas les océans et ce disque pourrait bien être promis à une carrière semblable à celle du "We sing, We dance, We steal things" d'un certain Jason Mraz.
On déplorera l'absence de cordes et on pense à ce qu'aurait pu faire Brent Cash de telles chansons, si seulement il en avait eu l'étincelle...