Il semblerait que le hip-hop ne se soit plus aussi bien porté depuis longtemps. Les albums de Drake ou de Beat Assailant ainsi que les singles de N.E.R.D. et Kanye West en attestent : 2010 est d'ores et déjà un bon cru.
Et ce ne sont pas les Roots qui infléchiront cette tendance à l'excellence.
Figure emblématique du hip-hop, le collectif de Philadelphie insuffle, depuis 1987, ses accents jazz érudits au rap le plus conventionnel et efficace qui soit.
En huit albums, The Roots est devenu une valeur sûre d'un genre musical trop souvent galvaudé et victime de ses propres caricatures.
Plus récemment, les Roots ont ajouté une palette plus rock à leur musique (l'excellente collaboration avec Cody Chesnutt sur "The Seeds" en 2002)
"How I got Over", leur neuvième opus continue d'affirmer cette maestria.
Les featurings sont nombreux et parfois intriguants. L'excellent single "Dear God 2.0" est une belle relecture d'un titre des Monsters of Folk qui se fendent ici d'un joli duo avec leurs hôtes de prestige. Joanna Newsom joue la bonne copine le temps d'un "Right On" qui lui donne (enfin) de contagieuses fourmis dans les jambes.
Le groove suave et irrésistible est au service d'un message à la fois "cool" et grâve".
Le monde va mal ? Qu'importe : dansons le !
La vie est une compil. Chaque jour est une playlist. L'amour est un remix...
vendredi 23 juillet 2010
vendredi 16 juillet 2010
MIA vs SIA : la battle
D'un côté Mathangi 'Maya' Arulpragesam, rageuse tamoule émigrée à Londres. De l'autre, l'australienne Sia Furler. La première à raisonnablement tronqué son patronyme qui a tout d'une appellation pharmaceutique générique pour le simple et tellement plus vendeur pseudonyme de M.I.A.. La seconde, à juste laissé tomber son nom de famille.
Les deux filles au noms de scène quasiment jumeaux sortent respectivement leur nouvel album ces jours-ci.
Révélée par "Arular" (2005) et consacrée par le plus populaire "Kala"(2007), la sulfureuse M.I.A. nous revient avec un album au moins aussi engagé que les précédents. Dès les premières secondes de l'album, le ton est donné: "Headbone connects to the neckbone/ Neckbone connects to the armbone/ Armbone connects to the handbone/ Handbone connects to the internet/ Connected to the Google/ Connected to the government" (sur "The Message"). La mission de la Sri-Lankaise est simple : nous faire rentrer dans le crâne, à coup de bastonnades electro-clash, des notions essentielles de méfiance face aux systèmes. Le système M.I.A. repose sur un principe fondamental : réveiller les consciences en les nourrissant de pulsions primaires.
" /\/\ /\ Y /\" n'est aucunement différent de ses deux précédents essais. Il contient autant d'adrénaline. Lorsque celle ci est suffisamment canalisée et maîtrisée par un producteur émérite, ça donne de jolies choses pop ("XXXO" relifté de mains de maître par Jay-Z). Hélas, lorsqu'elle part en vrille, on s'y perd un peu ("Born Free" single éclaireur...véritable champ de mine, idéal pour la bande son d'un film de Kathryn Bigelow)
Un disque indispensable mais, évidemment, pas vraiment passe-partout. L'emmener lors de votre prochain barbecue pourrait avoir des conséquences dramatiques sur la faune et la flore...
Ceux qui affectionnent le format chansons dit "classique" trouveront plutôt leur compte sur "We are Born", le nouveau disque de Sia. Découverte sur le premier - et fabuleux - album de Zero 7 ("Simple Things" en 2001); la petite Australienne a depuis fait son petit bout de chemin en solo. "We are Born" est déjà son quatrième opus. Il se démarque toutefois des autres par son côté nettement plus enlevé. Jusqu'ici, le downtempo (façon Morcheeba) était roi dans l'univers de Sia. Mais dès les premières mesures du single "Clap your Hands" on comprend que la jeune femme à enfin décidé de devenir la plus belle pour aller danser. Je disais récemment que ce qui se fait de mieux en matière de pop se trouve sur le dernier album de Kylie Minogue... Et bien, je me trompais. Il faut désormais compter avec sa compatriote.
Les deux filles au noms de scène quasiment jumeaux sortent respectivement leur nouvel album ces jours-ci.
Révélée par "Arular" (2005) et consacrée par le plus populaire "Kala"(2007), la sulfureuse M.I.A. nous revient avec un album au moins aussi engagé que les précédents. Dès les premières secondes de l'album, le ton est donné: "Headbone connects to the neckbone/ Neckbone connects to the armbone/ Armbone connects to the handbone/ Handbone connects to the internet/ Connected to the Google/ Connected to the government" (sur "The Message"). La mission de la Sri-Lankaise est simple : nous faire rentrer dans le crâne, à coup de bastonnades electro-clash, des notions essentielles de méfiance face aux systèmes. Le système M.I.A. repose sur un principe fondamental : réveiller les consciences en les nourrissant de pulsions primaires.
" /\/\ /\ Y /\" n'est aucunement différent de ses deux précédents essais. Il contient autant d'adrénaline. Lorsque celle ci est suffisamment canalisée et maîtrisée par un producteur émérite, ça donne de jolies choses pop ("XXXO" relifté de mains de maître par Jay-Z). Hélas, lorsqu'elle part en vrille, on s'y perd un peu ("Born Free" single éclaireur...véritable champ de mine, idéal pour la bande son d'un film de Kathryn Bigelow)
Un disque indispensable mais, évidemment, pas vraiment passe-partout. L'emmener lors de votre prochain barbecue pourrait avoir des conséquences dramatiques sur la faune et la flore...
Ceux qui affectionnent le format chansons dit "classique" trouveront plutôt leur compte sur "We are Born", le nouveau disque de Sia. Découverte sur le premier - et fabuleux - album de Zero 7 ("Simple Things" en 2001); la petite Australienne a depuis fait son petit bout de chemin en solo. "We are Born" est déjà son quatrième opus. Il se démarque toutefois des autres par son côté nettement plus enlevé. Jusqu'ici, le downtempo (façon Morcheeba) était roi dans l'univers de Sia. Mais dès les premières mesures du single "Clap your Hands" on comprend que la jeune femme à enfin décidé de devenir la plus belle pour aller danser. Je disais récemment que ce qui se fait de mieux en matière de pop se trouve sur le dernier album de Kylie Minogue... Et bien, je me trompais. Il faut désormais compter avec sa compatriote.
lundi 5 juillet 2010
Scissor Sisters vs Kylie Minogue : la battle
Ce joli cul, photographié par Robert Mapplethorpe, a déjà fait le tour des blogs musicaux du monde; bien avant la sortie de l'album dont il illustre la pochette.
C'est désormais une marque de fabrique : dès leur premier album, le quintet (aujourd'hui réduit à quatre) new-yorkais a choisi de montrer des personnages de dos. Une femme sur l'éponyme Scissor Sisters(2004); un homme masqué sur Tah-Dah(2006).
Pour "Night Work", le petit dernier, c'est carrément le gros plan sur une jolie paire de fesses d'homme sans doutes raffermies par de longues séances d'aérobic passées à sautiller sur un bon vieux Frankie Goes to Hollywood; référence incontournable sur cet album (écouter le déploiement final d' "Invisible Light" fait indéniablement penser à un des fabuleux maxis de la période faste du label Zang Tuum Tumb).
Passés la démission de Paddy Boom et le désir de tout laisser tomber; Jake Shears et les siens ont finalement décidé de se remettre au travail et livrent aujourd'hui leur album le plus cohérent car totalement dédié à la nuit : son hédonisme mais aussi ses dangers.
L'option "dance" tous azimuts est la seule à avoir été retenue. Elton John, consultant de luxe du précédent et boursouflé "Ta-Dah" n'a pas eu droit au chapitre. En lieu et place, Stuart Price a été appelé à la rescousse et a pris les commandes.
Price commence à se faire un sacré nom dans le milieu de la pop tendance electro. Avec son projet solo "Les Rythmes Digitales" (la musique de la pub Citroën, où la voiture se transforme en robot breakdancer, c'est lui). Perso, je le préfère en "Zoot Woman" son second projet d'electro rock. Mais Stuart Price s'est surtout fait un nom en tant que remixeur (le remix de Starsailor "Four to the Floor", c'est encore lui) et producteur (Pet Shop Boys, New Order et surtout le multi-platinné "Confessions on a Dancefloor" de Madonna)
Sa production carrée et systématique a beau ne pas révéler des trésors d'originalité et d'inventivité ; elle n'en reste pas moins hyper efficace et vendeuse.
Au fond, depuis le début, l'anglais s'évertue à remettre Kraftwerk au goût du jour...et ça s'entend très fort sur Night work ou le titre "Radioactivity" des teutons est joliment cité sur "Something Like This".
Night Work est plus qu'un retour aux sources. S'il revient effectivement à ce qui nous avait accroché chez les Scissor Sisters (des titres du premier album comme "Tits on the Radio" ou l'incroyable reprise en forme de coming out du classique de Pink Floyd "Comfortably Numb" ) il resserre encore plus les rangs...euh, pardon : devrais-je dire "les fesses". Pas une seule balade sur cet album. S'il est indéniable que "Ta-Dah" en comptait trop (la faute à Elton ?); on se surprend à regretter des titres du calibre de "Mary".
Mais avec des titres aussi futés et drôle qu' "Any Which Way you Can" (où, en gros, Jake, Ana et...une certaine Kylie venue d'Australie) exigent qu'on les "prenne" de n'importe quelle façon, jusqu'au bout de la nuit...On dit oui, les yeux fermés.
A peine remis de nos émotions, on découvre le nouvel album de Kylie Minogue (savamment introduite - en tout bien tout honneur - par les Scissor Sisters). Pour son énième retour, l'amie des gays a elle aussi fait appel au sieur Stuart Price.
Ce dernier s'est encore moins foulé sur "Aphrodite" que sur "Night Work". Et pour cause, il applique exactement les mêmes recettes que sur "Confessions on a Dance Floor". Mais "Aphrodite" fonctionne beaucoup mieux que son illustre aïeul. Kylie n'a pas la personnalité de Madonna. Et, pour Price, c'est un avantage. Seul maître à bord, il offre à l'album une véritable cohérence qui faisait défaut sur le disque de la Ciccone (à l'égo démesuré et castrateur).
"Aphrodite" est sans doute ce qui se fait de mieux en matière d'electro-pop aujourd'hui.
On notera tout de même une tendance étrange à balancer, en guise de singles éclaireurs, des titres assez moyen ("All the Lovers" pour Kylie et "Fire With Fire" pour les Sisters sont, de très loin, les plus faibles titres de leurs albums respectifs). Sans doute pour ménager les effets...
Gageons que la déferlante de singles imparables qui se prépare depuis deux continents aura l'effet d'un tsunami international pour les mois à venir.
C'est désormais une marque de fabrique : dès leur premier album, le quintet (aujourd'hui réduit à quatre) new-yorkais a choisi de montrer des personnages de dos. Une femme sur l'éponyme Scissor Sisters(2004); un homme masqué sur Tah-Dah(2006).
Pour "Night Work", le petit dernier, c'est carrément le gros plan sur une jolie paire de fesses d'homme sans doutes raffermies par de longues séances d'aérobic passées à sautiller sur un bon vieux Frankie Goes to Hollywood; référence incontournable sur cet album (écouter le déploiement final d' "Invisible Light" fait indéniablement penser à un des fabuleux maxis de la période faste du label Zang Tuum Tumb).
Passés la démission de Paddy Boom et le désir de tout laisser tomber; Jake Shears et les siens ont finalement décidé de se remettre au travail et livrent aujourd'hui leur album le plus cohérent car totalement dédié à la nuit : son hédonisme mais aussi ses dangers.
L'option "dance" tous azimuts est la seule à avoir été retenue. Elton John, consultant de luxe du précédent et boursouflé "Ta-Dah" n'a pas eu droit au chapitre. En lieu et place, Stuart Price a été appelé à la rescousse et a pris les commandes.
Price commence à se faire un sacré nom dans le milieu de la pop tendance electro. Avec son projet solo "Les Rythmes Digitales" (la musique de la pub Citroën, où la voiture se transforme en robot breakdancer, c'est lui). Perso, je le préfère en "Zoot Woman" son second projet d'electro rock. Mais Stuart Price s'est surtout fait un nom en tant que remixeur (le remix de Starsailor "Four to the Floor", c'est encore lui) et producteur (Pet Shop Boys, New Order et surtout le multi-platinné "Confessions on a Dancefloor" de Madonna)
Sa production carrée et systématique a beau ne pas révéler des trésors d'originalité et d'inventivité ; elle n'en reste pas moins hyper efficace et vendeuse.
Au fond, depuis le début, l'anglais s'évertue à remettre Kraftwerk au goût du jour...et ça s'entend très fort sur Night work ou le titre "Radioactivity" des teutons est joliment cité sur "Something Like This".
Night Work est plus qu'un retour aux sources. S'il revient effectivement à ce qui nous avait accroché chez les Scissor Sisters (des titres du premier album comme "Tits on the Radio" ou l'incroyable reprise en forme de coming out du classique de Pink Floyd "Comfortably Numb" ) il resserre encore plus les rangs...euh, pardon : devrais-je dire "les fesses". Pas une seule balade sur cet album. S'il est indéniable que "Ta-Dah" en comptait trop (la faute à Elton ?); on se surprend à regretter des titres du calibre de "Mary".
Mais avec des titres aussi futés et drôle qu' "Any Which Way you Can" (où, en gros, Jake, Ana et...une certaine Kylie venue d'Australie) exigent qu'on les "prenne" de n'importe quelle façon, jusqu'au bout de la nuit...On dit oui, les yeux fermés.
A peine remis de nos émotions, on découvre le nouvel album de Kylie Minogue (savamment introduite - en tout bien tout honneur - par les Scissor Sisters). Pour son énième retour, l'amie des gays a elle aussi fait appel au sieur Stuart Price.
Ce dernier s'est encore moins foulé sur "Aphrodite" que sur "Night Work". Et pour cause, il applique exactement les mêmes recettes que sur "Confessions on a Dance Floor". Mais "Aphrodite" fonctionne beaucoup mieux que son illustre aïeul. Kylie n'a pas la personnalité de Madonna. Et, pour Price, c'est un avantage. Seul maître à bord, il offre à l'album une véritable cohérence qui faisait défaut sur le disque de la Ciccone (à l'égo démesuré et castrateur).
"Aphrodite" est sans doute ce qui se fait de mieux en matière d'electro-pop aujourd'hui.
On notera tout de même une tendance étrange à balancer, en guise de singles éclaireurs, des titres assez moyen ("All the Lovers" pour Kylie et "Fire With Fire" pour les Sisters sont, de très loin, les plus faibles titres de leurs albums respectifs). Sans doute pour ménager les effets...
Gageons que la déferlante de singles imparables qui se prépare depuis deux continents aura l'effet d'un tsunami international pour les mois à venir.
dimanche 4 juillet 2010
Ils vont vous pourrir l'été...en beauté! The National, Brendan Perry, Trentemoller : la battle.
Le cahier des charges des maisons de disques révèle souvent des incohérences en matière de calendrier. La sortie de certains disques fait, en effet, peu de cas du rythme naturel des saisons. Un peu comme les moules que l'on mange désormais en méprisant la sacro-sainte règle des mois en "-re"...on mangera du boût des lèvres, un peu craintifs, trois albums, sortis aux portes de l'été; contre vents et marées... Autant de disques excellents qui évoquent pourtant plus les chaussettes norvégiennes que l'ambro-solaire indice 25.
Venu de Copenhague , le DJ gothique Trentemoller livre, avec "Into the Great wide Yonder" son disque le plus organique. N'hésitant pas à marier son electro sombre et tendue, à des guitares twang et des cordes menaçantes; le scandinave fait tomber la neige en été. Ca peut toujours servir...surtout par ces temps caniculaires.
"High Violet", c'est le nom du dernier album des américains de The National. Ici encore, on ne se préocupe pas trop de l'indice UV...C'est plutôt contre les envies suicidaires qu'on cherchera à se protéger. Erigeant Cincinatti en capitale de la mort dans l'âme, le groupe de Matt Berninger soigne son spleen comme jamais. La grande nouveauté tient dans des orchestrations amples et insidieuses.
A 51 ans, Brendan Perry, ancienne moitié de Dead Can Dance ne semble toujours pas guéri de sa dépression. Si son précédent (et premier album solo "Eye of the Hunter" en 1999) laissait entrevoir des horizons plus folks et chaleureux; son petit dernier "Ark" marque un retour aux sources les plus gothiques qui ont fait la sombre gloire de Dead Can Dance. Comparée à la mélancolie qui plombe "Ark", celle de Massive Attack, ressemble au décorum de la Bande à Basil.
Malgré un sérieux problème d'agenda, ces trois albums valent le détour. Enfermez-les simplement à double tour durant les trois mois à venir...et pensez à les ressortir à la Toussaint. Vous m'en direz des nouvelles ;)
Venu de Copenhague , le DJ gothique Trentemoller livre, avec "Into the Great wide Yonder" son disque le plus organique. N'hésitant pas à marier son electro sombre et tendue, à des guitares twang et des cordes menaçantes; le scandinave fait tomber la neige en été. Ca peut toujours servir...surtout par ces temps caniculaires.
"High Violet", c'est le nom du dernier album des américains de The National. Ici encore, on ne se préocupe pas trop de l'indice UV...C'est plutôt contre les envies suicidaires qu'on cherchera à se protéger. Erigeant Cincinatti en capitale de la mort dans l'âme, le groupe de Matt Berninger soigne son spleen comme jamais. La grande nouveauté tient dans des orchestrations amples et insidieuses.
A 51 ans, Brendan Perry, ancienne moitié de Dead Can Dance ne semble toujours pas guéri de sa dépression. Si son précédent (et premier album solo "Eye of the Hunter" en 1999) laissait entrevoir des horizons plus folks et chaleureux; son petit dernier "Ark" marque un retour aux sources les plus gothiques qui ont fait la sombre gloire de Dead Can Dance. Comparée à la mélancolie qui plombe "Ark", celle de Massive Attack, ressemble au décorum de la Bande à Basil.
Malgré un sérieux problème d'agenda, ces trois albums valent le détour. Enfermez-les simplement à double tour durant les trois mois à venir...et pensez à les ressortir à la Toussaint. Vous m'en direz des nouvelles ;)
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