D'une Irlande à l'autre...De l'extase à la déception... U2 et son barnum attendu. The Divine Comédy en mode raplapla... Dantesques étaient les concert de Neil Hannon à l'heure où le rock était encore une valeur "bankable"... Aujourd'hui, Clearchannel et consorts font la loi. Aucune pitié pour le risque et l'audace. Seules les valeurs refuges ont droit au crédit... En écrivant " The Complete Banker", pour son dernier album, Neil Hannon entérine son suicide commercial. Par cette chronique pertinente de la fameuse crise financière de 2008 , le nord irlandais, idole de Vincent Delerm, fan et rare digne héritier de Scott Walker; a signé son arrêt de mort.
Lui qui s'est toujours évertué à enflammer la moindre de ses prestations scéniques par un sens de l'ultra-dérision incroyablement bluffant, se retrouve aujourd'hui livré à sa triste misère...
La prestation de mardi dernier restera sans doute dans ma mémoire, comme le concert le plus fauché auquel j'ai jamais assisté...
Un piano. Un pied de micro. Une mise en scène en mode 'ground zero'.
Ce n'est pas la première fois que je vois Neil Hannon sur scène. Je sais de quoi il est capable...
En formation rock, il est peut livrer des prestations démentielles : parfaites illustrations musicales du mot "dantesque". En mode mineur (le quatuor à cordes du Théatre 140) il fait preuve d'une inventivité rehaussée par un humour ravageur...
Ce soir, il arrive "un peu parti, un peu naze" (les non fans de Mimi Jonaz diront tout simplement qu'il est bourré). S'installe derrière un faux Stenway ("Comédie" jusqu'au bout...) et entame le set le plus cheap de l'histoire de la pop musique... Livrées à leur seul créateur, les symphonies de poches du calibre de "Becoming More like Alfie" ou encore "The Summer House" se révèlent bien vulnérables... L'indispensable démesure fait cruellement défaut... Pire, le cynisme rock'n'roll auquel Neil Hannon nous avait habitué, a fait place à un mépris désinvolte plutôt irritant. Compositeur de talent, Hannon n'est pas un musicien hors pair. Dès lors, se livrer à un show de piano bar approximatif s'apparente plus à un acte de prétention vaniteux qu'à une sincère offrande scènique.
Quelques moments de grace pure ("Neptune's Daughter", "A Lady of a Certain Age"); une inévitable et imparable reprise ("Blue Monday" façon piano solo) ne sauveront pas ce concert de l'ennui le plus frustrant. "Bang goes the Knighthood" scande The Divine Comedy sur son dernier album...Cette chevalerie, cette cavalerie d'Offenbach a qui on aurait pardonné tous les retards...n'est tout simplement pas venue...nous laissant seuls à nos regrets... faisant de cette soirée tant attendue, un rendez-vous manqué...